Christian Gomez: 100% money

Cet article est un résumé, préparé par A-J Holbecq, d’un article plus complet Gomez – 100% de Christian Gomez auquel vous pouvez vous référer pour avoir plus de détails. Il est publié avec l’accord de l’auteur.

L’article complet est intitulé : Une « vieille » idée peut-elle sauver l’économie mondiale ?
Un réexamen de la proposition d’une réforme radicale du système bancaire : L’imposition d’un coefficient de réserves de 100%
et a été présenté lors du colloque « LA CRISE : TROIS ANS APRÈS QUELS ENSEIGNEMENTS ? »

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Les banques doivent-elles disposer du pouvoir de créer de la monnaie ?  Non, car une telle possibilité que permet un système bancaire à couverture fractionnaire, induit l’instabilité économique et financière, une mauvaise allocation des ressources et des distorsions injustifiées dans la répartition des revenus…

Le principe actuellement en vigueur est nommé « système de crédit à couverture fractionnaire » est le vice fondamental de nos systèmes bancaires :  la création monétaire qui lui est liée permet aux banques de faire du crédit en promettant de payer à vue des sommes  pour lesquelles elles n’ont en réserve qu’une fraction de ces exigibilités, en jouant sur « la loi des grands nombres » et les compensations entre les entrées et les sorties de fonds.

Ce mécanisme du crédit bancaire considéré comme frauduleux a été critiqué pour

(1)son caractère structurellement instable, puisque des actifs non liquides sont financés par des dépôts à vue volatiles par essence, d’où les crises financières à répétition,

(2)son extraordinaire capacité à amplifier les mouvements économiques, prix et activité, à la hausse et à la baisse ;

(3)les déformations qu’il engendre dans la structure des taux d’intérêt et dans l’appareil de production,

(4)les distorsions qu’il induit dans la répartition des revenus puisque, par le pouvoir d’achat qu’il crée « ex nihilo », il permet à ceux qui en bénéficient de « prendre sans offrir », détruisant ainsi les équilibres

Les plus grands économistes ont proposé de nouveaux systèmes pour le réformer en cherchant à dissocier la création de monnaie et la  distribution du crédit, afin que l’investissement s’ajuste au mieux à l’épargne et que soit ainsi mis fin à l’instabilité chronique des économies. La plupart d’entre eux sont fondés sur un principe :  la monnaie en circulation doit être couverte à 100% soit par des espèces métalliques [Ricardo (1820), « Currency School » (1844), Walras (1892), Von Mises (1928), Hayek… Rothbard (1962), de Soto (1998)], soit par de la monnaie de base (« groupe de Chicago » (1933), Currie (1932,1934), Fisher (1935), Friedman (1959), Allais (depuis 1947, 1977), le privilège de la création monétaire étant récupéré dans ce cas là par l’Etat.

Le 100% money permettrait de réguler les économies plus efficacement qu’à présent, d’améliorer leur productivité, de donner une solution aux problèmes budgétaires et de dette publique. Elle pourrait être la base d’une refondation d’un nouveau capitalisme. Le « 100% Money », impose aux banques un taux de réserve de 100% sur les dépôts à vue et assimilés.

I – Dissocier la monnaie du credit : l’approche du « 100% money »

But : obtenir une couverture intégrale par de la monnaie de base (monnaie de banque centrale) des dépôts considérés comme des disponibilités monétaires par les agents économiques (les dépôts à vue et assimilés).

  1. A. mise en œuvre

1 – Séparation des banques en 3 types distincts selon les fonctions assurées

– Gestion des moyens de paiement par les banques de dépôts
– Financement par les banques de prêts
– Banques d’affaires

Tout rapprochement des 3 fonctions serait interdit

2 – Couverture à 100% des dépôts à vue par de la monnaie de base dans les banques de dépôts avec le soutien de la Banque Centrale

Les dépôts à vue dans les banques de dépôts devront être couverts à 100% par de la monnaie de base. La banque Centrale émettra autant de monnaie de base que nécessaire sous une forme à déterminer (achat d’actifs, prêt, don)

3 – Le rôle des banques de prêts sera limitée à la seule intermédiation financière
Dans leurs opérations de crédit, les banques devraient trouver des ressources à terme pour les financer

Celles-ci pourraient être levées sous deux formes :

(1) les dépôts à terme d’épargne

(2) des instruments négociables émis  par les banques (du type certificats de dépôts).

Par rapport à la situation d’aujourd’hui, deux points sont à souligner.

(1) D’une part, les ressources à temps des Intermédiaires Financiers ne devraient pas être confondues avec de la monnaie et se différencieraient des caractéristiques de celles d’aujourd’hui soit par une liquidité moindre (Dépôts à terme), soit par des prix de sortie avant l’échéance plus aléatoires (« Debentures »).

(2) La transformation financière doit être interdite

4. La rémunération des services monétaires fournis par les banques de dépôts

Les banques de dépôts n’ayant plus les bénéfices de la création monétaire pour se rémunérer,  les services monétaires seront payants. Les soldes de DAV ne doivent pas être considérées comme une épargne, même temporaire. Elles ont à être traitées comme un « stock-outil » utilisé par les agents économiques pour harmoniser leurs flux d’entrée et de sortie de fonds dans le temps. Elles n’ont aucun besoin d’être rémunérées.

  1. B. Conséquences et Avantages du « 100% Money »

L’application d’une telle réforme permettrait d’atteindre trois grands groupes d’objectifs.

1. Une capacité de régulation économique sensiblement accrue par une maîtrise totale de la masse monétaire.

La quantité de monnaie en circulation deviendrait une variable totalement sous le contrôle de l’Institut d’Emission (Banque Centrale) sans que le comportement des banques (plus ou moins grande volonté de prêter) ou des agents économiques (plus ou moins grande volonté d’emprunter) puisse influer sur elle. Une telle situation présenterait deux avantages évidents

– La  monnaie pourrait être dirigée selon une règle définie a priori

Cela pourrait être la stabilité des prix (Fisher) ou un taux «objectif » de hausse des prix permettant les ajustements «en douceur » de l’économie aux différentiels intersectoriels de productivité (Allais, avec un taux suggéré de 2% s’ajoutant au 2.5% de la croissance en termes réels).

– La monnaie deviendrait de ce fait inélastique aux « humeurs » des agents économiques

La disparition du crédit bancaire « pur », avec la création de monnaie ex nihilo qui lui est liée,  ferait que la quantité de monnaie en circulation, elle, ne pourrait plus varier sans décision de la Banque Centrale. Tout emportement à la hausse ou à la baisse trouverait donc immédiatement sa traduction sur le marché des fonds prêtables par des variations de taux d’intérêt qui le freineraient progressivement. L’ampleur du « Boom » immobilier de la dernière décennie serait quasiment inconcevable dans un système de ce type.

2. Une efficacité accrue de l’économie par le rôle nouveau des taux d’intérêt, une meilleure prise en compte du prix des services et, pour Allais, l’interdiction de la transformation financière.

Aux avantages concernant la régulation économique s’ajouteraient tous les facteurs qui plaident pour une meilleure efficacité de l’économie sous le nouveau régime.

* Des taux d’intérêt véritablement représentatifs des préférences des agents économiques

les taux d’intérêt ne deviendraient sensibles qu’à l’offre et la demande de fonds prêtables (investissement et épargne) dans une économie qui deviendrait monétairement neutre.  Seuls les investissements rentables pour des taux d’intérêt véritablement représentatifs seraient sélectionnés et, donc, les risques d’un mauvais « aiguillage » de l’épargne seraient minimisés.

* Le paiement du prix des services monétaires

cette mesure aurait un objectif utilitaire, équilibrer le compte d’exploitation des banques de dépôts et éviter le gaspillage de ressources.

* L’interdiction de la transformation financière

Pour une échéance donnée, le taux d’intérêt doit égaliser la demande et l’offre d’épargne.

3. La fin des distorsions dans la répartition des revenus

Toute création monétaire ex nihilo donne un droit sur la production qui n’a pas été acquis par un produit ou un service vendu. Elle est par nature un « faux droit », un revenu non gagné, comme le soutiennent Allais et Rothbard, dont la substance s’assimile aux gains qu’obtiendraient de faux monnayeurs qui achèteraient sur un marché avec la fausse monnaie fabriquée ou prêteraient celle-ci contre intérêt.

4  la récupération des gains de la création monétaire par l’Etat.


La récupération des gains de la création monétaire grâce à cette réforme se ferait à travers

(1) de l’affectation de la création monétaire aux ressources de l’Etat, comme une recette budgétaire

(2) de la neutralisation de la dette publique dans le cadre du remboursement du prêt de la Banque Centrale aux Banques

II.  Un réexamen du modele Fisher-Allais

A.        Le contexte actuel et la mise en œuvre du projet

C’est en fait seulement la nécessaire distinction à opérer entre la monnaie et l’épargne qui impliquerait une adaptation du comportement des agents économiques, dans la mesure où elle contrecarrerait la dérive que nous avons connue au cours des deux dernières décennies.

1. Désenchevêtrer les fonctions bancaires : Des nécessités de la Réforme et de la situation présente…

La constitution actuelle de méga-banques est trop problématique pour la société :

(1) aucune preuve de véritables économies d’échelle (Tobin, 1985 et 1987),

(2) obstacles à la concurrence sur les différentes fonctions prises individuellement,

(3) conflits d’intérêt et mauvaise allocation des ressources de l’épargne,

(4) puissance financière déstabilisante sur les marchés de capitaux,

(5) gestion des risques trop complexe,

(6) taille trop importante par rapport aux capacités des Etats (« too Big to fail ; too big to save »)…

2. La pierre angulaire: les « Compagnies de Services Monétaires » (Banques de dépôts)

Eléments clefs de la réforme proposée, les CSM seraient la pierre angulaire de l’ensemble par leur invulnérabilité aux chocs du fait de leur structure et de leurs règles de fonctionnement:

(1) une couverture à 100% des dépôts de leurs clients, ceux-ci étant considérés comme des espèces à garder

(2) un accès au réseau général des paiements,

(3) aucun crédit possible, les paiements se faisant en temps réel en fonction des provisions des clients sur leurs comptes.

En fait, ces CSM seraient des « usines » de haute technologie reliées à une multitude de clients à travers des centres d’appel, des centres de contacts automatisés au niveau local ou via Internet. Elles seraient totalement ouvertes à la concurrence, celle-ci se faisant à la fois sur les prix et la qualité des services.

En effet, en sus de leurs opérations purement « monétaires », elles pourraient développer des services annexes sans risques et  lucratifs comme le courtage (passage d’ordres sur les marchés), la distribution de produits financiers (investissement et assurances), voire des activités de conservation de titres. Aujourd’hui,  il n’y a plus d’obstacles majeurs au développement de ces structures qui existent déjà avec le développement des banques en ligne et d’acteurs comme Fortuneo ou Boursorama… Quant aux populations n’ayant pas accès à Internet ou à des services locaux informatisés (personnes âgées par exemple) et qui nécessitent des services de proximité, ce serait à la discrétion des banques d’y pourvoir si elles y trouvent leur intérêt, sachant que la banque Postale trouverait là une forte justification à son existence.

3. Les organismes de financement comme « purs » intermédiaires financiers (Banques de financements)

Dans le nouvel environnement créé par la réforme, tous les organismes de financement seraient placés sur le même plan (refinancement sur ressources d’épargne), quitte pour eux de se différencier comme ils l’entendent. Du point de vue des différents aspects de leur activité, les points suivants doivent faire l’objet de réflexion.

* Les produits de financement offerts aux emprunteurs : a  priori aucun changement

* La gestion actif-passif : le problème de la transformation financière

*Le cas particulier des SICAV monétaires et autres fonds de placement : une rentrée dans le rang ?

4.  Capital, Contrôle, Supervision : Un changement radical

L’impossibilité de contrôler un système à couverture fractionnaire étant maintenant avérée, un véritable délire règlementaire et prudentiel s’est emparé de la planète politico-financière après la crise. Il s’avère que, dans le cadre du « 100% Money », les solutions seraient remarquablement simples.

* Fin de toutes les garanties d’Etat et responsabilisation de toutes les parties prenantes

A partir du moment où la quantité de monnaie en circulation serait complètement sécurisée par elle-même, car devenant en fait l’équivalent d’un simple  dépôt d’espèces, tout le reste en découlerait : (1) Il n’y aurait pas d’écroulement possible du système comme un château de cartes, à l’instar du système actuel (plus de risque systémique possible), (2) Chacune des parties du système financier pourrait défaillir sans que cela ait de répercussions sur les autres

* Des exigences de capital minimales et, éventuellement, libres

Les propositions de ratios de capital (capital/actifs pondérés par le risque) tournent au gaspillage de capital (10%, voire 15% pour les banques suisses à l’horizon 2013). Dans le cas du régime proposé, ce serait une toute autre approche qui prévaudrait: (1) Les CSM auraient besoin de très peu de capital pour couvrir quelques risques opérationnels, (2) Pour les banques, les exigences en capital pourraient être laissées au choix des banques et… de leurs déposants, avec l’aide des agences de notation, (3) Pour les autres types d’institutions, et en premier lieu la Banque d’Investissement, la liberté totale serait donnée aux acteurs.

* Des instances de supervision et de contrôle allégées

Par rapport à l’appareillage bureaucratique qui se met en place au niveau national et international pour superviser l’activité bancaire et aux coûts induits de plus en plus lourds que subissent les organismes bancaires pour satisfaire à toutes les exigences de contrôle en tous genres requis par ces instances proliférantes, la réforme monétaire offrirait une alternative particulièrement attractive. Les instances de supervision et de contrôle pourraient se transformer en fait en structures très légères dont les objectifs premiers seraient de vérifier que les règles en matière monétaire ne sont pas contournées et que les informations données au marché sont correctes, puisque ce serait à ce dernier, c’est-à-dire aux actionnaires et aux épargnants-déposants-investisseurs, de faire la police à travers les choix qu’ils feraient et les conditions qu’ils exigeraient pour financer les intermédiaires financiers.

B. La transition : un processus transparent sans traumatisme majeur pour aucun acteur

La mise en place de la réforme devrait respecter les trois conditions qui, seules, peuvent la rendre acceptable :

(1) une très grande simplicité dans la mise en œuvre ;

(2) aucun impact sur les relations des banques actuelles avec leurs clients au niveau des opérations courantes, hors le transfert nécessaire des dépôts vers les CSM;

(3) de ce fait aucune perturbation, de quelque nature qu’elle soit, dans les flux de financement de l’économie.

Dès lors, le déroulement du processus, schématisé ci-après, pourrait se présenter de la manière suivante :

1. Première étape : Transfert des dépôts et prêt de la Banque Centrale

A un jour J donné, les dépôts à vue et autres dépôts assimilables à des encaisses devraient migrer vers les CSM. La banque Centrale interviendrait alors sous forme d’un prêt rémunéré aux banques actuelles pour que le transfert s’effectue sans heurt.

=> De facto, les CSM couvriraient les dépôts à vue reçus par de la monnaie de base à 100% et le prêt de la Banque Centrale remplacerait les dépôts à vue au passif du bilan des banques actuelles qui deviendraient des banques de Financement spécialisées.

2. Le remboursement progressif du prêt de la Banque Centrale par les banques et la neutralisation induite de la dette publique

Au fur et à mesure que les crédits faits aux clients arriveraient à échéance, les banques pourraient choisir de rembourser l’emprunt fait auprès de la BC (mais elle pourraient rester débitrices) et de se refinancer à travers de nouveaux dépôts à terme ou l’émission de « Debentures » pour le renouvellement des prêts anciens ou la production de nouveaux crédits .En cas de remboursement, la BC, pour contrebalancer la destruction de monnaie de base liée à cette opération, achèterait des titres publics sur le marché, créant par là même la monnaie de base et des liquidités prêtes à s’investir… dans les « Debentures ».

=>               C’est à travers ce processus que pourrait s’effectuer le « swap » entre la dette publique et la dette privée. Les taux d’intérêt sur les titres publics seraient tirés à la baisse compte tenu de la pression acheteuse qui s’exercerait sur eux de la part de la Banque centrale, tandis qu’il y aurait une grande demande de la part des banques pour collecter des fonds en utilisant leurs propres instruments. Il y aurait nécessairement un « spread » qui se créerait pour équilibrer tous les marchés et ce « spread » ne serait pas nécessairement élevé compte tenu du nouvel environnement ultra-sécurisé. C’est ainsi que s’opèrerait progressivement une neutralisation de la dette publique d’un montant égal au prêt de la BC, lui-même égal à la monnaie en circulation (dépôts dans les CSM)

Une fois, l’activité de services monétaires séparée de l’ensemble, le processus d’exécution serait remarquablement simple et apparaîtrait pour une large part comme un jeu d’écriture entre les acteurs du jeu bancaire sans incidence majeure sur les comportements habituels des autres acteurs. Toutes les conditions préalables seraient respectées et il apparaît bien qu’il n’y aurait aucun risque inflationniste dans la mise en œuvre du « 100% Money » puisque la création de monnaie de base par la banque centrale serait immédiatement gelée par un taux de réserve de 100% de la part des CSM, ce qui revient à dire que la réforme ne conduirait à aucune variation de la masse monétaire en circulation. Par rapport à la récupération de la rente monétaire, il est intéressant de noter que celle-ci pourrait se faire totalement à la discrétion de la Banque Centrale (et donc de l’Etat) et pourrait commencer dès le lancement de la réforme. Il n’y aurait aucun besoin d’attendre la neutralisation de la dette publique, qui prendrait en tout état de cause du temps. Il suffirait de jouer sur les conditions du prêt aux banques pour progressivement mettre les conditions de ce prêt en ligne avec les conditions normales du marché, poussant ainsi les banques à son remboursement.

C. Estimation des ordres de grandeur : Quels sont les enjeux ?

Les quantités à estimer sont les suivantes : le montant d’actifs monétaires susceptibles d’être déplacé vers les CSM, d’où découle le montant du prêt à la banque Centrale et l’ampleur de la dette qu’il serait possible de neutraliser. Dès lors, une estimation de la rente monétaire à récupérer s’en déduira. Dans tous les cas, il ne s’agit que de fournir un cadre de réflexion et montrer l’importance de l’enjeu pour notre temps. La méthodologie est simple et intuitive et peut s’appliquer pareillement à tous les pays.

1. Les principes d’évaluation du transfert vers les CSM et du prêt à prévoir de la banque Centrale

En partant du tableau consolidé de la masse monétaire dans chaque pays, les liquidités sont analysées selon leur composantes en partant de la plus liquide: le dépôt à vue, jusqu’à la moins liquide, en passant par les SICAV monétaires. Pour chacune d’elles, il est attribué un intervalle probable de valeurs pour le coefficient de substituabilité à l’encaisse, suffisamment large pour nous ayons quelques chances que la vraie valeur se trouve quelque part dans cet intervalle. Il est possible d’avoir ainsi des équivalents-monnaie pour chaque composante et de les sommer pour disposer d’une estimation de ce que pourrait être une évaluation basse et haute de la quantité de monnaie dont on peut attendre un transfert vers les CSM. C’est un point capital puisqu’elle commande le prêt de la Banque Centrale et, in fine, le niveau de la dette publique qu’il serait possible de neutraliser à l’issue du processus. Une fois cette estimation réalisée, il suffit de la rapprocher de la dette publique, pour avoir un ordre de grandeur du pourcentage de la dette publique qui pourrait être neutralisé par une application de la réforme. Dès lors, avec ces éléments,  les deux grandeurs qui nous intéressent  peuvent être déterminées :

– L’importance des ressources budgétaires annuelles  liées à la création monétaire, en appliquant le taux de croissance annuel requis  (pour la masse monétaire estimée, soit  4.5%  (2.5% pour la croissance réelle, + 2% pour le taux de hausse des prix objectif),

– L’économie d’intérêt qu’il serait possible de réaliser si la dette publique était absorbée par la Banque Centrale, touchait les intérêts et les redonnait au budget de l’Etat sous forme de dividendes. Il suffit en première approximation de rapprocher les intérêts payés par le Trésor du pourcentage de la dette qui serait neutralisée.

En sommant les deux composantes, l’estimation des gains annuels de la réforme pour l’année de départ se dégage, sachant que la composante « seigneurage » (croissance annuelle de la masse monétaire) croit par définition à un rythme déterminé (4.5%).

2.Application au cas de la zone euro

Tous calculs faits , les gains résultant de la réforme monétaire pour la zone Euro se solderaient en régime de croisière, tous les ajustements réalisés par:
(1) un effacement au 2/3 de la dette publique (sur la base des chiffres 2007),
(2) des ressources budgétaires supplémentaires de l’ordre de € 400 mds soit environ 4.5 % du PIB de la zone euro

En première approximation, l’impôt sur le revenu pourrait être réduit de 50% à l’échelle européenne en régime de croisière, toutes choses égales par ailleurs.

Il ne s’agit pas de prendre ces chiffres au pied de la lettre, bien sûr. Mais, à notre sens, il donne une idée de ce qui est l’enjeu du débat sans compter tous les autres avantages de la réforme. Il ne s’agit pas d’un coup de magicien. Il s’agit tout simplement d’une récupération par la collectivité des gains de la création monétaire.

III – objections au « 100% money » et les réponses apportées.

Comme Phillips (1995) le remarquait, jamais aucun économiste n’a osé produire une réfutation en règle et globale du « 100% Money », soutenu par ailleurs, sous des formes diverses, par une kyrielle d’économistes parmi les plus grands (Ricardo, « Currency School », Walras, Von Mises, Hayek, Knight, Viner, Simons, Fisher, Machlup, Stiegler, Friedman, Allais, et, sous la forme du « Narrow Banking », Tobin et Minsky…).

Cependant, il y a bien sûr des objections et des interrogations qu’il est possible de regrouper en quatre classes.

A         Le soutien au système bancaire classique

* Les banques sont des générateurs de liquidités pour les agents économiques et des « absorbeurs de chocs (de liquidités)

Les auteurs oublient tout le contexte, c’est-à-dire l’instabilité du système à couverture fractionnaire, en négligeant l’origine des dépôts (création monétaire) et la différence épargne-encaisse. Par rapport à l’objection avancée, le « 100% Money » permettrait de faire face aux besoins imprévus de liquidité dans un système complètement sécurisé (les lignes de crédit continueraient à exister, mais elles seraient gérées différemment).

* Il y a asymétrie d’information entre les banques et les déposants, les clients concédant aux banques la sélection de « bonnes contreparties » en échange de la disposition de leurs dépôts

Outre l’absence de tout fondement historique, juridique ou psychologique en ce qui concerne ce traitement du contrat Banque-déposant dans le cas de la banque traditionnelle, il apparaît de manière évidente que l’argument traite plutôt de l’intermédiation financière en tant que telle et ne va nullement à l’encontre du « 100% Money » puisque les banques de financement, dans un tel système, assumeraient cette tâche dans un univers plus sécurisé.

* Les banques mobilisent des liquidités et créent de la monnaie, ce qui permet de financer « plus » d’investissements (actifs illiquides)

Argument couramment avancé, il repose sur le sophisme d’une mobilisation de « ressources » alors qu’il s’agit en réalité d’une création de « ressources » fictives par duplication d’encaisse, le déposant continuant de disposer de son encaisse en vue des transactions qu’il planifie. […]La création monétaire ne crée jamais rien en régime normal mais spolie toujours…

* Contraints par la masse de l’épargne courante, les crédits seraient plus difficiles à obtenir dans un système de « 100% money » par rapport à ce qu’il en est dans le système actuel

Argument également « classique », celui de l’insuffisance de l’épargne. Il n’est pas recevable pour plusieurs raisons, théoriques et pratiques :

(1) dire que la création peut compléter l’épargne est un non-sens économique pour les raisons évoquées plus haut,

(2) il y a une confusion permanente entre la masse de crédits accumulés qui vont continuer à « tourner » (remboursement-renouvellement) et qui sont, dans la transition (qui peut durer), complètement refinancés par le prêt de la BC (avant de l’être éventuellement par substitution de la dette privée à la dette publique), et les nouveaux crédits qui n’en représentent qu’une petite frange.

B.         Le système actuel ne peut-il être amendé afin d’éviter le traumatisme d’une réforme ?

Ces interrogations portent à la fois sur la politique monétaire et sur la politique règlementaire.

(1)Politique monétaire : Beaucoup d’erreurs ont été commises, mais est-il vraiment impossible de trouver un autre système que celui du « 100% Money » qui, lui, suppose la mise en place d’une règle stricte de contrôle de la masse monétaire ?

Le système bancaire à couverture fractionnaire est totalement impossible à contrôler par la politique monétaire comme l’a montré toute l’expérience historique : (1) avant-guerre : Crises de 1929 et 1937 ; (2) Après-guerre : arbitrage impossible entre inflation et chômage ; (3) dernières décennies : crises et « bulles » à répétition. Concernant les politiques monétaires « actives », il faut reconnaître l’impuissance générale à s’abstraire de « l’air du temps » et à anticiper correctement.

(2)Politique réglementaire : Après les systèmes « Bâle 1 » et « Bâle 2 », il devrait être possible de rendre ces systèmes plus sûrs en renforçant les exigences de capital, en limitant le coefficient de levier (rapport total actif/capital), en créant de super-instances de supervision et de contrôle…

Aucun système réglementaire ne peut remplir son rôle car

(1)l’impuissance de la politique monétaire lui enlève toute crédibilité puisque c’est elle qui pourrait combattre le risque systémique en contrôlant les déséquilibres économiques,

(2) ces systèmes sont par nature réactifs et rétrospectifs et, les acteurs  contrôlés jouant avec leurs règles , ils ne peuvent jamais anticiper les désordres à venir ;

(3) ils ont toujours des effets non prévus qui sont toujours pervers ;

(4) Pour tenter de pallier leur impuissance, ils ont tendance à proliférer et à devenir de plus en plus coûteux.

…Dans un système de « 100% Money », tous ces systèmes seraient pratiquement inutiles.

C.       Un système de « 100% Money » est-il réellement faisable dans le monde actuel ?

* Par rapport au système financier international, comment la réforme se positionne-t-elle ?

Il y a deux aspects à la réponse.

D’un côté, il nous parait  possible de dire qu’il ne devrait pas y avoir de problèmes majeurs.

(1)Liberté des mouvements de capitaux dans un régime de changes flottants,

(2) fonctionnement comme par le passé des marchés de fonds prêtables sur toute la gamme des maturités.

D’un autre côté, des scénarios sont à étudier, comme la possibilité de recréation « off shore » d’un système bancaire à couverture fractionnaire en euros, mais les hypothèses que nous pourrions envisager aujourd’hui ne nous permettent pas d’entrevoir comment un tel système, plus risqué par définition que le système « officiel » de la zone euro, pourrait être plus compétitif et se développer d’une manière autonome.

* Le système du « 100% Money » est-il antinomique de l’esprit d’innovation en matière de finance ?

En dehors des « innovations » visant à gommer les frontières entre l’encaisse et l’épargne et heurter ainsi, à la manière de « faux monnayeurs », les intérêts de la collectivité, tout est libre dans le système proposé

(1)pour les CSM, il s’agirait d’apporter aux clients les meilleures solutions en matière de « cash pooling », « cash management », tenue de compte, passage d’ordres, etc…

(2)Pour les autres Intermédiaires financiers et institutions, il n’y aurait aucune limite à l’imagination et toutes les techniques modernes de financement pourront être utilisées.

D.        Qu’apporte le nouveau système en matière de régulation ? N’a-t-il pas lui-même ses limites ?

Le nouveau système permettrait un contrôle total, au moins en première approximation, de la masse monétaire d’où une meilleure maîtrise de la conjoncture économique. Des questions se posent cependant.

* Les Etats ne pourraient-ils pas être tentés d’utiliser leur pouvoir pour faire marcher « la planche à billets » ?

Dans le « 100% Money » l’Etat récupèrerait les gains de la création monétaire mais pas le contrôle. Celui-ci serait confié à la Banque Centrale agissant sous un mandat impératif protégé par la Constitution.

* Toutes les fluctuations économiques pourraient-elles être maîtrisées ?

Les fluctuations de la demande de monnaie (vitesse de circulation) seraient toujours possibles, mais il y aurait deux effets stabilisateurs dans le « 100% Money » : (1) Aucune élasticité de la masse monétaire et rôle régulateur des taux d’intérêt, (2) coût des encaisses conduisant les agents économiques à conserver ce qui est strictement nécessaire pour leurs transactions (fonds de roulement)

* Qu’en est-il des mouvements boursiers ?

Ils seraient inévitables avec des emballements et des « déprimes » possibles, car la vitesse de circulation de l’argent investi en bourse est incontrôlable. Il y a cependant deux remarques importantes à formuler : (1) En l’absence de création monétaire, le « margin trading » ne pourrait être financé que sur les fonds disponibles et l’épargne courante, de telle sorte qu’un emballement spéculatif entraînerait immédiatement une montée des taux d’intérêt, (2) Les fluctuations violentes de la bourse n’ont que peu d’impact sur l’économie  si elles ne déstabilisent pas le système financier, ce qui serait le cas dans le « 100% Money ».

* Pourrait-il être possible d’agir directement sur les encaisses détenues par les agents pour contrer une vague de pessimisme ?

Il est effectivement possible de se demander si une « taxe spéciale » sur les encaisses pour financer un programme d’investissement ne serait pas susceptible dans ce cas de jouer un rôle positif. On aborde là un champ exploré par Silvio Gesell (1906) et, de manière allusive, par J.M Keynes (1936).

E.         La réforme proposée n’est-elle pas contradictoire avec le libéralisme et l’économie de marché ?

Une telle interrogation montre la régression qu’a connue la pensée économique au cours des deux ou trois dernières décennies. Elle a deux aspects.

* Est-ce une remise en cause du mouvement de dérégulation ?

Le secteur bancaire n’est pas une industrie comme les autres car son fonctionnement produit des « externalités » qui peuvent être dommageables pour les autres secteurs (Tobin, 1987, p. 179) et la création monétaire n’est pas un produit comme les autres car elle a un pouvoir déstabilisant et spoliateur. De plus, le système de paiements et l’intégrité du moyen d’échange sont des biens publics essentiels. Il est dès lors normal que la société dessine le système de paiement et de financement le plus sécurisé et le plus efficace possible tout en s’appropriant les gains de la création monétaire, ce mécanisme générateur par nature de « faux droits » sur la production. Il y a des dispositions législatives pour garantir les libertés, la sécurité et la santé publiques, la liberté du Commerce, les règles de la concurrence, etc… Le contrôle de la monnaie doit faire partie de cet arsenal de protection des intérêts des citoyens.

* Est-ce compatible avec les règles de fonctionnement d’une société libérale ?

Une seule réponse : tous les grands libéraux ont soutenu totalement un système de couverture intégrale des dépôts, soit par une encaisse métallique (Ricardo, Walras, Von Mises, Hayek, Rothbard…), soit par de la monnaie de base (Les économistes de Chicago, Currie, Fisher, Friedman, Allais…). Dans une société libérale, tous les secteurs doivent être libres sauf un : la production de monnaie. Sans ce contrôle, l’économie de marché secrète en elle-même les germes de son autodestruction.

CONCLUSION

A l’issue de cette revue de quelques projets, parmi bien d’autres, de restructuration du système bancaire, un enseignement apparaît avec clarté : Le système bancaire à couverture fractionnaire reste pour le bon fonctionnement de nos économies de marché un problème qu’il faut résoudre. […] La crise que nous venons de traverser apparaît comme un rappel aux réalités de nos économies et  aux expériences de l’histoire : problème majeur hier, le fonctionnement des banques est un problème aujourd’hui et, si rien n’est fait, il le sera demain car il repose sur une faiblesse qui est un vice fondamental et incurable, la confusion entre la monnaie et le crédit.

[…] les replâtrages sans avenir des structures branlantes du présent ne suffisent plus. Il faut trouver autre chose et peut-être que la solution est-elle de renouer avec cette tradition, illustrée par les plus grands économistes, qui a de tout temps dénoncé le caractère fondamentalement vicié du fonctionnement d’un système bancaire qui produit la monnaie dont nos économies ont besoin en émettant des crédits. Comme le soutient notre étude, toute véritable solution aux problèmes contemporains doit passer par la reconquête du Pouvoir Monétaire par la société, à travers une réforme radicale du système bancaire fondée sur la dissociation entre la monnaie et le crédit, autrement dit la réforme qui est restée dans l’histoire sous le nom du « 100% Money ».

Cette réforme permettrait d’atteindre, pour un coût finalement minimal, la plupart des objectifs auxquels il est possible d’aspirer aujourd’hui : meilleure régulation économique à travers un contrôle strict de la monnaie, plus grande efficacité dans l’allocation des ressources avec, donc, un impact positif sur la croissance à long terme ; capture par les Etats de la rente liée à la création monétaire ce qui permettrait de dégager des marges de manœuvre budgétaires très significatives.

Mais, peut-être, au-delà de tous ces bénéfices, une telle réforme pourrait devenir la pierre angulaire d’une nouvelle refondation du capitalisme, dont on parle beaucoup sans jamais être capable de lui donner un contenu réel. Au cours des deux dernières décennies, un esprit d’ « agiotage », pour reprendre l’expression si juste de Walras, s’est répandu comme une gangrène, avec pour principale source d’alimentation une création monétaire débridée à l’échelle mondiale. Même si d’autres réformes au niveau du fonctionnement des marchés capitaux sont aussi nécessaires, cette réforme serait une étape indispensable si on veut pouvoir changer l’état d’esprit régnant. En effet, en contrôlant la masse monétaire et en réservant ses gains au seul Etat, elle ferait cesser ce scandale de pouvoir « se servir sur le marché sans offrir ». Elle fermerait le robinet des « faux droits » et ouvrirait le champ libre aux véritables facteurs de richesses à long terme : L’épargne et l’initiative entrepreneuriale. […] Elle signerait le commencement de la fin pour les profiteurs de ce système né d’une fraude et qui a toujours été le cancer des économies de marché et des sociétés libérales : Le système bancaire à couverture fractionnaire.

___________________

Complément inséré le 4 mai 2011

PRÉCISIONS DE CHRISTIAN GOMEZ

Sur la substitution dette publique/dette privée

1) Lors de la mise en place de la réforme, les banques ont bien besoin de se procurer de la monnaie de base pour satisfaire à leurs nouvelles obligations de réserves (100%). Donc la Banque Centrale prête aux banques cette somme qui est donc égale aux nouvelles réserves obligatoires des banques ( prêt = monnaie de base requise = M )

2) Quand les banques vont rembourser ce prêt à la Banque Centrale, il va y avoir nécessairement une destruction de monnaie de base et donc, si rien est fait, une destruction de monnaie (c’est ce qu’il faut éviter), puisque dans le nouveau système M (masse monétaire) = monnaie de base

3) Pour recréer cette monnaie de base détruite par le remboursement du prêt aux banques, afin d’éviter une baisse de la Masse monétaire qui ne pourrait avoir que des effets défavorables, la Banque Centrale doit donc regonfler son bilan en prêtant à nouveau ou en achetant des actifs sur le marché , ces actifs pouvant être la dette publique existante: donc en faisant cela, pour maintenir la monnaie de base à son niveau initial, la BC va donc substituer au prêt fait aux banques un prêt fait à la puissance publique (en devenant le créancier de l’État, suite au rachat de la DETTE EXISTANTE).

CELA NE MARCHE QU’UNE FOIS…

58 Responses to Christian Gomez: 100% money

  1. Renaud L a i l l i e r dit :

    Bravo!!! Vraiment bravo!! C’est BON, c’est une vraie – dégustation -.
    Voici un écho MAJEUR de ce pourquoi les deux associations, auxquelles je participe avec des moyens très modestes, travaillent sans relâche, l’une depuis 13 ans, l’autre depuis 76 ans. Les qualités de l’auteur de cet article, article à classer comme une référence, une pierre blanche dans un océan de trompe l’œil, de chausse-trappes et de vide-bourses que constitue la « politique du crédit » (expression galvaudée qui veut tout dire et son contraire) et la « politique monétaire » des banques, véritable combinatoire absconse aux résultats sociaux et économiques calamiteux, parfaitement bien cernée ici par un très grand professionnel de la banque Christian GOMEZ.
    L’Association pour les Droits Économiques et Démocratiques A.D.E.D. qui préconise depuis le début le système à 100%-monnaie trouve ici une recension majeure des possibilités offertes par cette couverture monétaire à 100%. De même que les critiques du fonctionement monétaire actuellement en pratique, et ce, pour les difficultés de tous et le malheur du plus grand nombre d’entre nous.
    De même, l’association historique du Mouvement des Créditistes du Canada, présente maintenant sur les cinq continents, fondée en 1934 (officiellement en 1939) par Louis EVEN (1885-1974), continuateur pugnace du Crédit Social (qu’on peut très ben nommer Argent Social) découvert expérimentalement par le major Clifford Hugh DOUGLAS (1879-1952), ingénieur et économiste, qui fut directeur d’industrie et dans les travaux publics en divers endroits du monde et qui fut un praticien de l’économie sur le terrain, ce qui fait que le Crédit-Social (alias Argent-Social) ne doit rien à la théorie sinon à la pratique. Dans le système du Crédit Social donc, c’est la couverture à 100%-monnaie qui est la base monétaire, le substrat sur lequel s’opère les mouvements et transactions. La question centrale des intérêts bancaires, de leurs modalités, comme de leur absence ou suppression, est en tout point compatible avec toute les descriptions, propositions et critiques faites ici.
    Un très grand merci à Christian GOMEZ qui, par ses qualités professionnelles, vient d’apporter une lumière nette, élucidante et archi féconde sur la vérité monétaire, financière et bancaire dans son rôle sain et sécurisant pour tous.
    Encore MERCI Monsieur GOMEZ !!

    Renaud L a i l l i e r

  2. Vajra dit :

    La crise financière créée de toute pièce n’a d’autres buts que la désintégration des Etats pour réaliser une « gouvernance mondiale » si bien orchestrée par tous les tenants de ce « nouvel ordre mondial » qui inlassablement se répètent, jusqu’à en devenir assourdissants, sans tenir en aucun cas de la volonté des Peuples.

    Les conclusions de Maurice ALLAIS ne peuvent effectivement complaire dans ce concert où la forfaiture, la trahison, sont communes mesures vis à vis des Nations.

    Il n’en demeure pas moins que ses arguments sont et resteront de poids lorsqu’on s’apercevra que les Peuples n’adhéreront pas à ce mondialisme délétère, basé uniquement sur l’esclavagisme qu’il voudrait consenti de l’Humanité au nom du profit de pseudos « élites » noyées dans leur propre nihilisme égocentrique. G8, G20 Gxx ne servent aujourd’hui que de paravents à ce mécanisme qui se met en place car enfin, quel pouvoir peut donc avoir un « pouvoir » « politique » lorsqu’il ne peut créer sa propre monnaie ?

    Cessons de jouer les autruches. S’il fallait ne retirer qu’une seule phrase de la doctrine de Maurice ALLAIS, il conviendrait de retenir cette phrase magistrale :  » 1. La création monétaire doit relever de l’État et de l’État seul. Toute création monétaire autre que la monnaie de base par la Banque Centrale doit être rendue impossible, de manière que disparaissent les « faux droits » résultant actuellement de la création monétaire bancaire. »

    Ainsi et avant toute action constructive dans le domaine de l’économie, nous devrions en chacune de nos Nations retrouver ce Droit inaliénable qui est celui de battre monnaie. Il est bien évident que ce combat sera rude, lorsqu’on pense aux intérêts versés à des Banques privées, intérêts indus par excellence par les Peuples des Nations floués par cette insolence de l’arrogance.

    Lorsqu’on observe la Grèce et ses difficultés aujourd’hui, les nôtres demain avec le Portugal, l’Italie, l’Espagne, nées de cette gabegie liée à des intérêts indus, personne, à mon sens, ne peut contester la vision pratique de Maurice ALLAIS, pour la survie de l’Economie en général et des Nations en particulier.

    Maurice ALLAIS a le privilège de mettre en face de leurs responsabilités les femmes et hommes politiques, celles et ceux qui défendent les intérêts des Peuples, et les autres qui n’ont qu’une vocation la destruction des Peuples comme des Nations. Et il y en aura qui interrogeront sur l’ostracisme dont il est l’objet…

  3. Sebaneau dit :

    Face au même problème, Maurice Allais ne fait que répéter les erreurs de la Currency School des années 1840, qui ont conduit à l’extension du monopole de la Banque d’Angleterre par la Loi de Peel en 1844, alors qu’on aurait au contraire dû le supprimer.

    Ce qui cause les crises financières, ce n’est pas que les banques produisent des substituts à la monnaie sous forme de comptes et de billets : depuis que l’idée en est apparue à la fin du XVII° siècle, c’est le métier du banquier que de créer cette forme-là de monnaie, de même d’ailleurs que de faire des investissements –dont la « spéculation » est un aspect inhérent et nécessaire.

    Non : ce qui cause les crises financières, c’est que les hommes de l’état ne cessent de mettre la main sur cette création de monnaie, en quoi ils voient un procédé magique pour dépenser de l’argent sans avoir l’air de le voler aux contribuables.

    C’est pour cela que le monopole de la Banque d’Angleterre a été institué en 1694, alors qu’en Ecosse se développait un système de banque libre, où des banquiers en concurrence les uns avec les autres émettaient des substituts monétaires à l’or sous forme de billets et de comptes à vue.

    Résultat : le monopole de la Banque d’Angleterre a provoqué des surémissions périodiques, avec les crises financières qui sont toujours au bout, alors qu’en Ecosse, la concurrence entre les émetteurs imposait aux banquiers de ne pas créer plus de monnaie que leurs utilisateurs n’étaient disposés à en détenir.
    Et qu’il n’y a jamais eu aucune crise financière en Ecosse tant que la banque y a été libre.

    Adam Smith, dans la « Richesse des Nations », soulignait la supériorité sur celui de l’Angleterre du système de banques libres de son pays : le système du monopole engendre des crises financières périodiques, le système de la banque libre en est entièrement préservé.

    Il n’y a jamais eu qu’une seule banque qui ait fait faillite dans le système écossais de banque libre, c’était Douglas, Heron et Company en 1772 : et c’est uniquement parce qu’elle était dirigée par des notables qui, comme Maurice Allais, n’avaient absolument aucune expérience du métier de banquier — la seule différence étant qu’à incompétence égale, eux voulaient en profiter et non pas l’interdire.

    Jusqu’au troisième quart du XIX° siècle, tous les économistes français savaient que c’est le monopole étatique sur la création de monnaie, et non cette création elle-même, qui cause l’instabilité conjoncturelle et les crises financières.

    Jean-Baptiste Say, qui pouvait comme tout le monde comparer le système écossais au système anglais, a pu en outre assister à ce qui se rapproche le plus d’une expérience contrôlée, quand en 1803 Napoléon Bonaparte a tué la concurrence qui existait entre trois banques d’émission pour imposer le monopole de la Banque de France (dont il était actionnaire) : cette dernière a immédiatement produit de la monnaie en excès, et une crise financière s’est ensuivie quelques mois plus tard.

    De tous les économistes français, c’est Charles Coquelin qui a poussé le plus loin l’explication de ces phénomènes, dans « Le Crédit et les banques » (1859).

    Quand la nuisance du monopole a été généralisée, les hommes politiques ont oublié qu’elle n’a rien de naturel ni de normal, mais la théorie monétaire des crises a perduré chez les gens sérieux, en commençant par Ludwig von Mises (« Theorie des Geldes und der Umlaufsmittel, 1912) pour finir avec George Selgin (« La théorie de la banque libre », 1993).

    Maurice Allais a certainement lu von Mises, mais il ne l’a pas compris, puisqu’il lui fait dire le contraire de ce qu’il disait.
    Pour comprendre à quel point il est ignorant des conditions de l’ajustement monétaire et plus généralement de la régulation sociale, il faut lire Friedrich Hayek (« Individualism and Economic Order, 1948). Allais connaissait Hayek mais il n’y a rien compris non plus.

    Un monopole absolu des hommes de l’état sur la création de monnaie tel qu’il voudrait qu’ils nous l’imposent est heureusement politiquement impossible, mais s’ils nous l’imposaient, le seul effet garanti est que la quantité de monnaie ne correspondrait jamais à celle que les gens souhaitent détenir.

    En effet, le monopole, dans la mesure où par hypothèse il réprime la concurrence entre les émetteurs de monnaie, empêche de fonctionner les mécanismes qui seuls permettent cet ajustement.
    Un monopole d’émission est donc nécessairement aveugle à ce qu’il devrait faire ou ne pas faire, et même sur ce qu’il fait, et il nous l’a assez prouvé récemment :
    non seulement Bernanke a fait de l’inflation en 2003-2006, mais il ne s’en est pas rendu compte et il continue encore à le nier aujourd’hui, invoquant comme « cause de la crise » un prétendu « excès d’épargne mondiale » qui est une impossibilité théorique, et absurde comme explication d’aucune crise (et on n’a même pas observé un maximum de cette épargne sur la période en cause).

    Maurice Allais n’est pas un économiste compétent, pas plus dans le domaine de la monnaie que dans n’importe que autre.
    Ses propositions de « réforme » ne traduisent que des erreurs anciennes, depuis longtemps démontrées absurdes.
    Il n’est pas seul non plus ; mais ne proposent aujourd’hui d’interdire le métier de banquier que ceux qui, comme lui, ne comprennent pas quelles sont les conditions de l’ajustement monétaire, ni ce que c’est que le Droit, ni ce que c’est qu’un instrument financier.

    Et puisque Maurice Allais propose qu’on interdise le métier de banquier, on peut bien faire une contre-proposition :
    interdiction pour interdiction, pourquoi ne pas commencer par interdire d’exercer le métier d’économiste à ceux qui, comme lui, qui ne l’ont jamais appris ?
    Il a déjà fait assez de mal à son pays en convertissant la droite nationale française à son imbécile protectionnisme.

    • gdm dit :

      @Sebaneau
      Votre rappel historique est précieux. Je suis d’accord avec votre thèse. Le free-banking écossais de 1715 à 1844 est un exemple historique d’un bon fonctionnement d’une monnaie actuelle. Du moins la monnaie jusqu’en 1971. Les 30 banques écossaises concurrentes avaient des réserves fractionnaires. Pendant 130 ans, sans aucune intervention de l’Etat écossais, la monnaie écossaise a mieux fonctionné que la monnaie anglaise.

      Chaque billet de banque était une promesse commerciale de verser de l’or. Un utilisateur mécontent traînait parfois une banque devant les tribunaux. Le Tribunal ordonnait à la banque de respecter sa promesse.

      Je suis encore entièrement d’accord lorsque vous dites que la seule cause de dysfonctionnement monétaire provient uniquement du rôle de l’Etat dans la monnaie.

      Cette idée du 100% money est intéressante car c’est un modèle théorique incontournable. Le modèle actuel de Banque Centrale est hybride entre le public et le privé. Cette cohabitation porte le risque de dysfonctionnements graves.

      Vous êtes, comme moi, et comme Hayek, un partisan de la privatisation de la monnaie. D’autres économistes pensent qu’un renforcement de l’étatisation de la gestion monétaire serait la meilleure solution.

  4. C. Gomez dit :

    Le ton, inutilement arrogant et agressif de ce papier, me déplait souverainement et, informé de cette « réaction », je me suis demandé à la lecture de ce post si cela valait la peine d’y répondre et de passer du temps à ce genre d’exercice. Je m’y suis pourtant résolu pour les lecteurs peu habitués à ce type de controverses et qui pourraient attacher quelque crédit à ces « lazzis » sans importance. Sebaneau attaque Allais au nom de Mises et Hayek, qu’il parait connaitre d’ailleurs fort mal.Personnellement, admirant les 3 auteurs, je vais essayer en quelques points, aussi brefs que possible, de fournir des éclairages à ceux qui pourraient être intéressés pour approfondir le sujet:

    1) Sebaneau se réfère à la théorie du « free banking » ( système bancaire s’auto-régulant sans banque centrale), mais il n’en maitrise pas les éléments de base car il n’y a pas une mais plusieurs théories du « free banking »:
    – Mises, Rothbard: Système d’étalon or avec 100%monnaie-or
    – Hayek: système de monnaies privées « pures »(dénationalisation de la monnaie)
    – Autres (White,selgin, hülsmann…): système combinant monnaie-or et monnaie bancaire dans un système bancaire à réserves fractionnaires.
    En se référant à l’expérience écossaise, Sebaneau se réfère apparemment au système 3, tout en argumentant à partir de Mises et Hayek.

    2)L’expérience écossaise , en soi très intéressante, nous est assénée à partir d’une position dogmatique péremptoire qui cherche ainsi à masquer ses faiblesses. Ne pouvant traiter cette question au fond, je ferai deux remarques:
    1) sur le système écossais, je renvoie à l’article de Rothbard en libre accès au Mises Institute (The Myth of Free Banking in Scotland). Il fera un peu réfléchir Sébaneau….
    2) notre « contradicteur » est beaucoup moins prolixe sur le système américain après la fermeture de la 2ème Banque des Etats-Unis (sur ce point, voir par exemple, l’article très mesuré de Dwyer: Wildcat Banking, Banking Panics and Free Banking in the US, FRB Atlanta, 1996)….

    Ceci dit, préparant un bouquin sur le 100% money, je traiterai au fond la question du « Free banking » qui est incontestablement très intéressante de toutes façons sur le plan intellectuel.

    c) Sur l’argument de l’abus inévitable de création monétaire par l’Etat dans le système « 100% money » proposé, je dirai que c’est une « tarte à la crème  » qui signale un vrai danger quand même. C’est pour cela qu’il convient de mettre en place les dispositifs institutionnels (inscription dans la Constitution) permettant de bloquer la création monétaire au niveau choisi tout en redonnant ses gains à la collectivité. Ceci dit, dire que les crises monétaires/bancaires ne sont dues qu’à l’intervention des Etats est un non-sens historique.

    d)Il est clair que l’instauration d’une couverture-or permettrait de régler ce problème d’abus potentiel par Les Etats, mais elle en créerait d’autres au moins aussi importants… En tout état de cause, une fois le 100%M installé, il n’est pas interdit de réfléchir à une étape supplémentaire en réévaluant le prix de l’or et en rendant tous les avoirs monétaires convertibles en or. Personnellement, à l’heure actuelle, j’ai encore trop d’objections à opposer à ce schéma pour pouvoir le défendre.
    e) Concernant Allais, il n’y a dans ce papier que des jugements de valeur sans argumentation et je regrette que Sébaneau n’ait pas la modestie nécessaire et le sens de la nuance avant de délivrer des jugements de cet acabit sur celui qui restera comme un des plus grands économistes français.. C’est sans aucun intérêt.
    *************

    Le système proposé par cette longue tradition qui part de la Currency School pour arriver jusqu’à nous en passant par des walras, Mises, Fisher, Simons, Friedman, Allais, voire Tobin ( sous la forme du Narrow banking) et j’en passe, mérite mieux que les éructations d’incompétents qui se piquent de jouer aux économistes. A l’heure où l’économie mondiale entre dans un « âge glaciaire », je maintiens le titre de mon article. Oui, cette « vieille idée » PEUT SAUVER L’ECONOMIE MONDIALE.

    C. Gomez

    • C.E.C. dit :

      Merci Christian d’avoir répondu

      Nous avions été chatouillés par l’envie de supprimer les commentaires de Sebaneau, mais je me suis contenté, en tant que gestionnaire de ce site, d’en effacer les passages les plus désagréables (éh oui, il y en avait) car il restait ainsi quelques questions où votre expertise était bienvenue.
      Il est certain que je n’accepterai plus de commentaires aussi agressif sur ce blog, de Sebaneau ou d’un autre..

      Encore merci
      A-J Holbecq pour le « C.E.C. »

    • gdm dit :

      @C. Gomez
      Vous allez traiter de la question du free-banking dans votre ouvrage. C’est très bien! La banking school est une référence historique incontournable. Je partage la thèse de Sebaneau sur la nécessité de la privatisation de la monnaie.

      Pendant 130 ans, 30 banques concurrentes ont émis des billets sans intervention de l’Etat écossais. Et ça marchait mieux qu’en Angleterre.

      Le système monétaire actuel manque de cohérence intellectuelle par une collaboration du public et du privé. Mais un système 100% money sera un dangereux renforcement de l’étatisation de la monnaie. D’autre part, le principe d’une quantité fixe de monnaie est contestable, mal fondée.

      Vous citez l’article de Rothbard contestant le free-banking écossais. Un lien sur cette controverse. http://analyseeconomique.wordpress.com/2011/04/01/free-banking-in-scotland-1716-1844-controversy-and-reply/

  5. Ariane dit :

    Merci Monsieur Gomez pour cet article que j’ai lu avec attention (dans sa version complète) , ainsi que pour vos réponses à cet individu (Sebaneau) que je vais m’abstenir de qualifier pour ne pas être grossière.

    J’avoue que si j’ai bien compris que dans le 100% money l’État (nous tous) récupèrerait les intérêts sur l’augmentation de la masse monétaire, je ne suis pas certaine de bien comprendre vos calculs
    (1) un effacement au 2/3 de la dette publique (sur la base des chiffres 2007),
    (2) des ressources budgétaires supplémentaires de l’ordre de € 400 mds soit environ 4.5 % du PIB de la zone euro

    Pour le (1), est ce que vous considérez que toute la croissance de la masse monétaire sert à rembourser une partie des dettes publiques (par exemple une certaine quantité d’obligations arrivant à échéance, dans la limite de 4,5% de la masse monétaire?
    Mais dans ce cas il n’y aurait, pour le privé, plus aucun accès possible à une augmentation des prêts (donc en plus de l’épargne qui existe actuellement), non ?

    Pour le (2), si j’ai bien compris vous considérez la somme de 4.5% de la masse monétaire ( # 200 Mds €) et 2/3 des économies sur le paiement d’intérêts de la dette (# 200 Mds € également) … pourquoi seulement 2/3 et pas la totalité ?

    Cordialement

    Ariane

    • C. Gomez dit :

      Chère Ariane,

      J’avais vu votre post vendredi mais je me suis donné le week-end pour essayer de trouver le moyen d’être le plus clair possible.

      Du point de vue des conséquences financières directes de la réforme , il faut distinguer deux niveaux:

      1)L’AUGMENTATION DE LA MASSE MONÉTAIRE

      Dans le système actuel, cette augmentation est la résultante d’opérations de crédits privés effectués par le système bancaire. Ce sont donc les opérateurs privés et les banques qui en bénéficient. Dans le système proposé, cette création monétaire est le résultat d’une action délibérée de la Banque centrale qui va inscrire un crédit au profit du compte du Trésor en contrepartie d’une Dotation à l’Etat. Le montant afférent à cette création ( et non son intérêt comme vous le dites- à tort- dans votre post) est une nouvelle ressource budgétaire qui permet de financer des dépenses supplémentaires ou de se substituer à des impôts existants.

      2) LES CONSÉQUENCES DES MESURES PRISES POUR METTRE EN ŒUVRE LE NOUVEAU SYSTÈME ( TRANSITION)

      Il y a un prêt qui est accordé par la BC aux banques commerciales pour leur permettre d’effectuer le transfert de leur dépôts à vue et assimilés vers les CSM et qui va donc « financer » les actifs qu’elles portent en remplacement des dépôts de caractère monétaire.

      A partir de là, il y a deux possibilités qui peuvent s’articuler dans le temps:

      a) ce prêt va porter intérêt , ce qui permettra déjà à l’État de récupérer une partie de la « rente monétaire » et de se créer de nouvelles ressources supplémentaires ( donc par érosion progressives des « super-profits » bancaires liés à ce privilège inouï provenant de ce pouvoir qu’elles ont de créer de la monnaie)

      b) au fur et à mesure du remboursement par les banques du prêt de la BC, celle-ci va remplacer la monnaie de base détruite par cette opération de remboursement par la création de monnaie de base en rachetant la dette publique existante. Ce faisant, elle « neutralise » la dette existante:
      * celle-ci ne sera jamais remboursée mais réémise indéfiniment
      * ses intérêts seront versés à la BC qui les reversera au Trésor sous forme de dividendes de l’Institut d’émission.
      Pour les banques, le refinancement de leurs actifs viendra de l’épargne « libérée » par le remboursement de la dette publique aux épargnants et autres investisseurs, qui viendront placer leurs fonds disponibles dans les obligations et autres instruments d’épargne émis par les dites banques.

      En régime de croisière, les gains de la réforme sont donc bien: la croissance de la masse monétaire + les ressources additionnelles dégagées d’abord des intérêts du prêt, puis de la « neutralisation de la dette publique résultant du remboursement de ce dernier.

      Pour la zone euro, le calcul donne ce qui est indiqué dans l’article. Je vais refaire les calculs pour la zone euro ainsi que pour tous les pays importants (États-Unis, Japon , Grande-Bretagne).

      Mon sentiment profond est que la Réforme proposée est plus que jamais d’actualité car elle permet de remettre l’économie mondiale sur les rails sans passer par la longue phase de stagnation à laquelle nous conduisent inéluctablement les politiques actuelles.

      Je comprends que jongler avec les bilans des différentes institutions et percevoir les conséquences des changements effectués soient un peu difficile pour des non-habitués à ce type d’exercices.

      N’hésitez pas à me poser toutes les questions qui vous passent par la tête et , si mon explication ci-dessus n’est pas encore assez claire, essayons d’y travailler ensemble. C’est essentiel pour nous tous.

      En attendant , je vous souhaite une très bonne semaine.

      • Ariane dit :

        Merci à nouveau pour ces précisions.
        J’essaye d’expliquer à mes collègues de travail le principe du 100% monnaie tel que vous le décrivez, mais je m’aperçois que je manque un peu de capacités de vulgarisation; ils et elles ne semblent pas réellement comprendre. Et peut être (sans aucune critique à votre encontre), dans le livre en préparation que vous annoncez dans un précédent commentaire, pourrez vous arriver à décrire non pas tant le processus de passage du système actuel au passage au 100% (qui en fait n’intéresse que les spécialistes), mais décrire de façon plus imagée et vulgarisatrice, avec des exemples, se qui se passerait pour chacun des agents (individus, entreprises, banques, Etat) dans leurs transferts lors du « basculement » et ensuite en « régime de croisière ».

        En fait, je pense que votre livre devrait être très vulgarisateur sur ces questions que se posera le grand public, les politiques (pour pouvoir se l’approprier) et même les employés des banques, et peut être avoir une seconde partie plus technique pour les économistes et les spécialistes.

        Ce n’était qu’un avis 😉

        Ariane

  6. C. Gomez dit :

    Chère Ariane,

    Loin de moi l’idée de me « formaliser » parce que l’on me dit qu’il faut simplifier au maximum pour faire passer le message. De ce point de vue, toutes les critiques et suggestions sont bienvenues.

    Ce dont je m’aperçois, à travers toutes les discussions que je peux avoir avec les uns et les autres, c’est de l’incroyable carence de l’enseignememt économique . Beaucoup de notions sont connues mais pas assimilées. je ne critique pas les « gens » en général , mais plus précisément tous ces professeurs d’économie que je soupçonne d’enseigner des matières qu’ils ne maitrisent pas et de se réfugier dans une pseudo-abstraction pour masquer les carences de base. Et cela est vrai pour les Universités, les Ecoles Normales, les IEPs,sans parler des écoles d’ingénieurs.

    Je pense que les notions de base comme la monnaie, à la fois du point de vue de son offre(création monétaire) et de sa demande, ou l’épargne ne sont pas assimilées. Le fonctionnement même du circuit économique et la dynamique de la dépense globale ne peuvent donc pas être réellement compris. D’où des quiproquos sans fin , des gloses qui n’ont pas lieu d’être.

    Pour comprendre le système proposé, il faut comprendre d’abord que les agents économiques ont deux types de décisions à prendre:
    1) Compte tenu du cycle de leurs revenus, ils doivent équilibrer les flux d’entrée (recettes) et de sortie (dépenses) en disposant d’un stock-outil (une encaisse) pour ne jamais être à découvert ( en incluant dans ce calcul , bien sûr, les éventuels accords de découverts/tirages avec la banque): C’est le rôle de l’encaisse monétaire ( masse monétaire).

    2) Dans le cadre de la gestion de leurs ressources dans le temps , les agents économiques sont conduits à mettre de l’argent de côté pour des périodes plus ou moins longues (de 1 jour à x années) ou à emprunter. C’est le circuit épargne/investissement.

    Dans le système proposé, les Institutions qui assurent ces deux types d’opérations sont séparées alors qu’elles sont confondues (dans une large mesure) aujourd’hui. Aujourd’hui , la monnaie est créée à l’occasion d’opérations de crédit par les banques selon le bon vouloir des banques et des emprunteurs. Dans le futur, le processus sera de la forme suivante:

    1) la monnaie sera injectée directement dans le circuit par la Banque Centrale selon une règle définie et les CSM (Compagnies de services monétaires)géreront la circulation des moyens de paiements dans l’économie (système complètement sécurisé car les dépôts seront « backés » à 100% par de la monnaie de base).

    2)Tous les crédits seront effectués par les Banque de financement à partir de placements ( irrévocables ou révocables avec coûts) effectués sur toute la gamme des durées possibles . Pour les découverts et les lignes non utilisées, des dispositifs spéciaux sont prévus.

    A mon sens , pour les ménages et les entreprises, les ajustements de comportement nécessaires devraient être ténus. Ils payent déjà en fait pour la tenue de leurs comptes!. Pour les banques, c’est un peu plus complexe mais, quand on connait leur fonctionnement, le coût de mise en oeuvre parait acceptable, mis à part que , dans le tour de passe-passe, la « rente monétaire » dont elles bénéficient disparait et est récupérée par la collectivité.

    Par rapport à ce qu’est susceptible de rapporter la réforme globalement, les ajustements requis paraissent mineurs et les agents économiques n’auront aucun mal à s’y adapter.

    Ceux qui vous diront que l’abolition de la création monétaire par les banques « cassera » la croissance montreront par là m^me qu’ils ont des lacunes en économie et vous pourrez me les adresser….

    Chère ariane, je vous souhaite un bon week-end.

    Christian Gomez

  7. Ariane dit :

    Encore merci, Monsieur Gomez
    Je comprends un peu mieux me semble t-il. J’ai encore une question: si la monnaie des banques de dépôts est couverte à 100% et peut donc être considérée de même « valeur » que la monnaie centrale, dans le système que vous proposez, qu’en est-il de l’épargne (qui n’est donc plus à proprement parler « monnaie »)?

    Exemple: Une banque de prêts prête une partie de monnaie que je veux « épargner » et que j’ai transféré depuis ma banque de dépôts. Mais je ne saurais pas si la BP prête mon épargne avec toutes les garanties: quelle serait donc la garantie donnée par la BP puisque, si j’ai bien compris (je crains le pire 😉 ) cette monnaie que je confie à l’épargne n’est plus « couverte » ?

    Bien à vous
    Ariane

    • C. Gomez dit :

      Chère Ariane,

      Si vous voulez un rendement sur votre épargne, il va falloir soit placer auprès d’un intermédaire financier, qui fera la sélection des contreparties, soit acheter vous-même des instruments financiers dur le marché. Il n’y a pas d’autres solutions pour bénéficier d’un intérêt. Comme aujourd’hui…. sachant qu’aujourd’hui, même vos avoirs monétaires ont en fait pour contrepartie des créances et si vous voulez les retirer, cela peut poser des problèmes en cas de panique.

      Les intermédiaires feront-ils n’importe quoi? Certainement pas. N’oubliez pas que ce sont des sociétés par actions et que les pertes seront d’abord « encaissées » (si je peux dire) par les actionnaires. Par ailleurs, à supposer m^me que l’IF soit réellement mal géré , la chute ne peut pas être comparable à celle d’une banque dans un régime à couverture fractionnaire:
      1) les provisions commenceront à peser sur la rentabilité et donc sur les intérêts qu’il pourra verser (premier signal)
      2) des pertes en accroissement rogneront nécessairement sur le capital, d’où la nécessité de réduire les opérations ou de lever du capital (deuxième signal)
      3) en cas de mauvaise gestion avérée ( cas du Crédit Lyonnais sous Haberer), la mise en faillite et la liquidation du portefeuille d’actifs devraient entrainer des pertes limitées pour les déposants/prêteurs auprès de cet organisme.

      De toutes façons, comme la faillite éventuelle de ces IFs n’aura aucune incidence systémique, il n’y aura aucune garantie d’Etat (Moral hazard) et ce sera au investisseurs/ prêteurs d’être vigilants dans leurs choix, avec l’aide éventuellement d’agences de notation……

      Cordialement

  8. Ariane dit :

    Monsieur Gomez
    Une question supplémentaire m’est venue à l’esprit. Que se passerait-il si les règles obligeaient simplement les banques actuelles à détenir 100% de réserves sur les comptes courants.
    Ne serai ce pas une « étape intermédiaire » possible ?
    Bien à vous
    Ariane

    • C. Gomez dit :

      C’est une bonne question, à laquelle il est déjà implicitement répondu dans mon papier.

      Irving Fisher pensait qu’il était suffisant d’avoir deux types de « guichets » dans les banques, l’un pour la monnaie, l’autre pour les dépôts d’épargne et les crédits.

      En fait, la plupart des auteurs (dont Allais) récusent cette « facilité » car les banques auraient tôt fait de créer des dépôts d’épargne « canada dry » qui se présenteraient comme de l’épargne mais seraient en fait des dépôts totalement liquides. Dans ce cas, la création monétaire, expulsée par la porte, se réintroduirait par la fenêtre. IL FAUT SE MEFIER DES BANQUES ET DES BANQUIERS…..

      Pour éviter les « coups d’épée dans l’eau », il vaut mieux dissocier les circuits: monnaie/encaisses d’un côté, épargne/investissement de l’autre.

      Bien à vous

  9. Ariane dit :

    Monsieur Gomez

    Merci pour tout. J’avoue ne plus avoir de questions à vous poser pour le moment.

    Je me permets d’insister: si vous écrivez un livre, il me semble qu’il faut qu’au moins une partie soit très vulgarisée, compréhensible par n’importe quel client de banque.

    Cordialement et bonnes vacances si vous avez le temps d’en prendre.

    Ariane

  10. Archange dit :

    Bonjour Christian Gomez

    – Pour créer la garantie des comptes courants en monnaie centrale, vous prévoyez que la Banque Centrale prête l’argent correspondant aux banques. Celles ci-doivent rembourser cette dette au fur et à mesure que les crédits existants sont remboursés, d’où destruction de monnaie, et ceci oblige la Banque Centrale à créer alors la monnaie correspondante pour compenser.
    Proposition : la banque centrale donne la garantie au lieu de la prêter.

    – Vous prétendez faire profiter le gouvernement de la création monétaire, soit environ 4,5% du PIB par an (2,5% de croissance + 2% d’inflation), et en supplément résorber 2/3 de la dette. Je pense qu’il faut expliciter ce résultat remarquable en analysant l’exemple chiffré car je pense que si on dispose des ressources pour effacer 2/3 de la dette, il faut plutôt les utiliser pour l’investissement en dépensant temporairement plus que 4,5% du PIB.

    Merci de vos commentaires

  11. C. Gomez dit :

    A Archange.

    Réponse à 1 (garantie et non prêt): cela ne marche pas car il faut assurer le transfert des dépôts à vue des banques de financement vers les CSM. Le prêt vient en « financement » des crédits portés par les banques de financement, celles-ci devant faire face à l' »évasion » de leurs dépôts à vue et assimilés vers les CSM. Faites jouer les bilans des uns et des autres comme dans mon papier et vous verrez que c’est inévitable. La garantie ne suffit pas, IL FAUT DU CASH.

    Réponse à 2: C’est une question intéressante qui fait réfléchir.

    A) Refinancement du stock de crédits bancaires et remboursement du prêt de la BC

    Le prêt de la BC sert en fait à « backer » les crédits à l’économie des banques dans la période de transtion. Au fur à mesure du remboursement de ces derniers à leur échéance normale, les banques pourraient être tentées (ou incitéespar la BC) de le rembourser à la BC et de se refinancer sur le marché pour son renouvellement. Ce faisant, ceteris paribus, elles détruiraient de la monnaie de base c’est à dire de la monnaie en circulation dans le système proposé. Dans ce cas, il faudrait que la BC émette une quantité identique de monnaie de base. En rachetant de la dette publique, l’on voit que l’opération serait neutre du point de vue des crédits à l’économie et de la masse monétaire en circulation: le prêt remboursé serait simplement renouvelé avec une ressource qui ne sera plus le prêt de la BC (anciennement les dépôts à vue avant la réforme), mais une ressource d’épargne rendue précisément disponible par l’action de la BC ( substitution des véhicules d’épargne, titres publics/titres privés)
    Si la BC choisissait d’acheter des créances “privées” plutôt que des titres publics, l’effet serait identique mais elle prendrait un risque de signature , ce qui n’est pas le rôle d’une banque centrale.

    Si elle cherchait à faire elle-même de nouveaux crédits à l’économie:

    1) Ce n’est pas son “job”de prendre des risques de credit mais, là, n’est pas le point clef
    2) Comme aucune resource d’épargne ne serait dégagée et, qu’au contraire, la BC chercherait à financer de nouvelles activités/transactions, la consequence ne peut être qu’une montée des taux d’intérêt propre à décourager des emprunteurs et il y aurait en fait une baisse du niveau des prêts bancaires qui serait compensée par le nouveau prêt de la BC. A masse monétaire constante, il n’est pas possible de financer de nouvelles activités pour une vitesse de circulation donnée. On pourrait appeler cela, selon la terminologie des economistes un “crowding out effect” ( un effet d’éviction).

    B) Pour l’accroissement de la masse monétaire (les x% d’incrémentation chaque année)

    Dans ce cas, effectivement, il est possible de financer ce que vous voulez et, m^me de le jeter par les fenêtres…. Mais, de grâce, laissez le marché effectuer l’allocation des ressources et cherchez plutôt à renforcer la liberté des individus dans l’utilisation des revenus qu’ils ont gagné. Le financement de dépenses publiques proposé par Maurice A.,en lieu et place des impôts, me parait une excellente chose.
    ***************
    Je suis désolé si cela apparait un peu compliqué parce qu’en fait, c’est pluss simple dès que l’on se met à faire tourner les bilans.

    Je vous souhaite un bon week-end

    • Archange dit :

      Bonjour Christian Gomez,

      En réfléchissant sur votre réponse et en écrivant les bilans je suis tombé sur un os que je vous soumets.
      Si j’ai bien compris votre réforme, on établit une séparation stricte entre d’une part les CSM, qui gèrent les comptes courants garantis par 100% de monnaie centrale, ce qui rend impossible toute création sans apport de monnaie centrale, et d’autre part les BF, qui ne gèrent aucun compte courant et prêtent de la monnaie uniquement sur ressources d’épargne collectée.
      Si les BF ne gèrent aucun compte courant et ne doivent créer aucune monnaie, il est inutile et même dangereux qu’elles possèdent un compte en banque centrale. Leur interface extérieure doit se faire par un ou plusieurs comptes dans un CSM. Ce sont ce qu’on appelle aujourd’hui des organismes financiers non bancaires.
      Si on admet le raisonnement ci-dessus et sa conclusion, votre scénario de dette qui diminue en détruisant de la monnaie ne peut pas marcher, car le remboursement par un agent X de 1000 euros à une BF se traduit simplement par un mouvement de compte à compte dans un CSM, et c’est tout. La BF peut prêter cet argent de nouveau ou pas, de toute manière son passif ne bouge pas.
      Où me trompai-je ?
      Bon week-end

  12. A-J Holbecq dit :

    Le débat s’étend sur le blog de Monsieur Jean Peyrelevade http://peyrelevade.blog.lemonde.fr/2010/09/08/critique-dun-prix-nobel/

  13. Archange dit :

    Bonjour Christian Gomez,

    Plus je repense à votre proposition, plus je suis persuadé que laisser la disposition d’un compte en banque centrale aux Banques de Financement (BF) est dangereux. De fait, avec ce système, chaque fois qu’elles utilisent une disponibilité en monnaie centrale et prêtent cette somme, elles créent l’équivalent en monnaie courante dans un compte CSM. Il suffit donc qu’elles empruntent sur le marché interbancaire ou à l’étranger pour pouvoir créer de la monnaie, certes dans un CSM, mais toutes sortes de trucages deviennent possibles.
    La vraie solution est bien de retirer aux BF le statut bancaire. Donc pas de compte en banque centrale, seulement un compte en CSM.
    La transition est tout de même possible. Au lieu de prêter aux banques non encore scindées l’équivalent des comptes courants, la Banque Centrale donne la monnaie centrale nécessaire (inscrivant à son actif un poste spécial « Contrepartie des comptes courants ») et les banques inscrivent en actif une réserve spéciale bloquée.
    Ensuite on scinde, les CSM prennent les comptes courants et les réserves, les BF prennent les créances et inscrivent à leur passif un poste « Départ comptes courants » qui restera là éternellement et se résorbera avec la croissance et l’inflation.
    Ensuite la Banque Centrale prend en charge l’évolution de la masse monétaire en achetant des titres de dette de l’Etat directement ou indirectement.
    Bien entendu cette proposition est soumise à discussion.

  14. C. Gomez dit :

    @Archange

    Vos remarques sont intéressantes et j’ai le sentiment que vous commencez à avoir une plus claire conception des principes de la réforme. Permettez-moi d’apporter quelques précisions:

    1)Vous avez bien vu que les BF dans le fonctionnement normal du système n’ont pas besoin de comptes à la BC et que des comptes dans les CSM suffisent pour effectuer les transactions qu’elles auront désormais à opérer (verser le montant des prêts accordés, recevoir les remboursements et les intérêts, etc…)

    Ma « vision » du Marché monétaire » nouveau est un marché d’échange interbancaire pour ajuster les échéances (ressources-prêts) dans chaque banque au jour le jour.

    2) Dans la transition , il est prévu un prêt BC aux BF pour faire face au transfert de leurs ressources monétaires vers les CSM.

    C’est une solution simple, indolore, transparente pour les clients/ emprunteurs des banques pour qui cela ne changera strictement rien (C’est à mon sens capital: Le crédit n’est en rien perturbé par la mise en place de la réforme) . Lorsqu’on y réfléchit, c’est un « jeu » d’écritures comptables pour les BF. En plus, c’est un instrument finalement souple car le taux d’intérêt sur ce prêt peut être progressivement ajusté aux conditions du marché pour laisser tout le temps aux BF de s’ajuster aux nouvelles conditions tant dans leur structure opérationnelle que dans la collecte de l’épargne nécessaire à « backer » dans la nouvelle organisation tous leurs crédits ( à travers des émissions de « debentures » par exemple).

    3) Le remboursement du prêt BC par les BF entrainera nécessairement une baisse de la monnaie de base ( qu’elles aient un compte à la BC ou pas) et donc de la monnaie en circulation (hypothèse du 100% oblige). Le bilan de la BC nécessairement se contracte lorsque des prêts effectués par elle sont remboursés par les agents auxquels elle a prêté ( en l’occurrence les BF). C’est ce qui offre la possibilité de le « remplacer » par autre chose, comme la dette publique….

    4) Vous avez raison de dire qu’il faut se méfier des manoeuvres de contournement des banques pour tenter de créer de la monnaie. Mais , moi, je vois plus le problème dans la création de ces épargnes « canada-dry » que sont les instruments quasi-monétaires (« Near Monies »). Tous les théoriciens qui se sont penchés sur la question en ont fait des cauchemars…. Fisher ne voyait pas trop le problème mais cela empêchait Simons de dormir….

    Je n’ai pas très bien compris la solution que vous proposez au lieu et place du prêt BC. Mais, cette dernière solution me parait tellement simple que peut-être mon esprit s’est-il laissé aller à la paresse…. En tout cas, je voudrais dire à tous que les problèmes que nous traitons ne sont pas simples et que ces discussions peuvent être fort utiles quand elles sont menées dans un esprit constructif.

    Bien sûr, ce serait tellement plus simple de ne rien faire et d’attendre les prochaines crises après avoir gaspillé des masses de ressources….Par exemple, en réclamant des masses de capitaux propres supplémentaires pour renforcer le système sans rien changer à ce dernier.

    • Archange dit :

      @C.G.
      Merci de ces réponses qui précisent bien comment vous voyez le système. En fait je comprends que le compte en banque centrale des BF n’est nécessaire que pour la transition. Or ma solution ne nécessite justement pas un tel compte. de plus elle est beaucoup plus transparente que la vôtre, me semble-t-il, qui nécessite pendant plusieurs années une délicate coordination entre le remboursement de la dette des BF et la génération monétaire par la BC.

      Je vais tenter de mettre les bilans dans les 2 cas dans un post séparé. Si je ne réussis pas, j’essaierai d’expliquer en texte.
      Donc, à suivre.

      • Archange dit :

        Voici la suite. En fait je n’ai pas réussi à insérer des tableaux dans le commentaire. On peut néanmoins voir les bilans au bout de ce lien, si ça veut bien marcher.

        Dit en mots, je n’ai besoin d’aucune phase de préparation. Au jour de la séparation, la Banque Centrale écrit à son passif au crédit du compte de la CSM les 200 de monnaie centrale pour garantir les 200 de comptes courants, et inscrit en contrepartie à son actif une créance bidon du genre « Avance pour garanie des comptes courants », actif qui restera en l’état et ne sera jamais remboursé. Il s’éteindra tout doucement avec la croissance et l’inflation.
        De son côté, les BF quittent la BC et inscrivent à leur passif, à la place des comptes courants, une dette bidon, de 200, du genre « Cession des comptes courants ». Comme précédemment, ce passif reste éternellement en l’état.

        L’avantage du système est qu’il n’y a rien à faire d’autre, aucune monnaie n’est détruite ou créée dans l’opération, la masse des crédits continue de vivre, c’est-à-dire que si un client rembourse un emprunt, sa BF retrouve cet argent sur son compte en CSM et peut le reprêter à quelqu’un d’autre.
        De son côté, la BC commence à surveiller la masse monétaire et monétise des titres d’Etat si nécessaire, mais ceci est indépendant de l’opération de transition.

        Comme je l’ai dit auparavant, tout ceci n’engage que moi et est soumis à discussion.

  15. […] financier mondial et en attendant le Globo (la future monnaie planétaire) seule la nécessaire création de monnaie d’un État par lui-même pourrait contrer les ravages de la « crise […]

  16. A-J Holbecq dit :

    PRÉCISIONS DE CHRISTIAN GOMEZ

    Sur la substitution dette publique/dette privée

    1) Lors de la mise en place de la réforme, les banques ont bien besoin de se procurer de la monnaie de base pour satisfaire à leurs nouvelles obligations de réserves (100%). Donc la Banque Centrale prête aux banques cette somme qui est donc égale aux nouvelles réserves obligatoires des banques ( prêt = monnaie de base requise = M )

    2) Quand les banques vont rembourser ce prêt à la Banque Centrale, il va y avoir nécessairement une destruction de monnaie de base et donc, si rien est fait, une destruction de monnaie (c’est ce qu’il faut éviter), puisque dans le nouveau système M (masse monétaire) = monnaie de base

    3) Pour recréer cette monnaie de base détruite par le remboursement du prêt aux banques, afin d’éviter une baisse de la Masse monétaire qui ne pourrait avoir que des effets défavorables, la Banque Centrale doit donc regonfler son bilan en prêtant à nouveau ou en achetant des actifs sur le marché , ces actifs pouvant être la dette publique existante: donc en faisant cela, pour maintenir la monnaie de base à son niveau initial, la BC va donc substituer au prêt fait aux banques un prêt fait à la puissance publique (en devenant le créancier de l’État, suite au rachat de la DETTE EXISTANTE).

    CELA NE MARCHE QU’UNE FOIS…

    • Bruno Lemaire dit :

      Bonjour Andrè-Jacques, bonjour Christian.

      Le « Cela ne marche qu’une fois » me laisse songeur.

      Il est signalé que si les banques remboursent le prêt qu’il leur aura été fait, il y aura destruction de monnaie, et qu’il faut donc que la Banque Centrale re-prète à quelqu’un (ici l’Etat) à nouveau cet argent. Dans cette logique, et si l’Etat rembourse, cela conduirait au même problème, la diminution de la monnaie. Etrange …

      En fait, je ne suis pas sûr que cela soit vrai. Il me semble y avoir une confusion entre la création monétaire, et le remplacement d’une « fausse monnaie » (la monnaie ‘bancaire’) par une « vraie monnaie » (la monnaie de base).

      Même si la banque centrale instaure le 100% monnaie, il n’y a de ce fait aucune augmentation de la masse monétaire, la « monnaie de base » ayant simplement ‘grossi’, les autres agrégats ayant diminué en proportion. Les actifs « détenus » par les banques en « contrepartie » (plus ou moins ‘bidons’) seront devenus la propriété de la banque centrale, ou de l’état.

      Me trompe-je?

      Amicalement,
      Bruno Lemaire, professeur honoraire, HEC.

      • gdm dit :

        @Bruno Lemaire
        La remarque de AJH sur l’hypothèse 100% money me semble correcte et logique. Je ne vois pas le sens de votre critique. Vous êtes, amha, trop sévère de disant que la monnaie secondaire serait une « fausse monnaie ». En effet une unité monétaire est toujours une promesse. La nature de la monnaie contemporaine est d’être une promesse. Le promesse de la BNP n’est pas une « fausse » promesse.

        Les actifs détenus par les banques secondaires ne sont pas des actifs « bidon ». Ce sont les créances sur les emprunteurs. Certes, ils sont rarement liquides. Mais ils ont de la valeur.

      • Bruno Lemaire dit :

        Bonjour ‘gdm’

        Sur la « fausse monnaie », il y aurait beaucoup à en dire, mais ce n’est pas mon point actuel.

        Je me rangerais plutôt dans la vision des « €-promesses » (tenues, ou non, tenables ou non) de « €_monnaie ».

        Cela étant, il s’agissait, pour moi, de parler de la création (justifiée ou non) et de la destruction de la « monnaie » (quel que soit l’interprétation que vous donnez, ou que l’on donne, à cette « monnaie »)

        Je vais donc essayer de clarifier ce que j’ai écrit, peut être un peu « lapidairement ».

        Lors de la création monétaire lors de l’accord de nouveaux crédits, il y a, bien évidemment, augmentation de la masse monétaire (justifiée ou non, peu importe).
        Lors du remboursement (cela arrive, paraît-il), ce remboursement détruit de la monnaie. C’est l’argument d’AJH, de Gomez, et d’à peu près tout le monde, si l’on s’intéresse aux « stocks », c’est à dire à ce qui est qualifié de « monnaie » à un moment donné.

        Mon argument est donc le suivant:
        je ne vois pas en quoi le fait que ces créances, au lieu d’être détenues par les banques commerciales de second rang, soient maintenant détenues par la Banque de France – ou tout autre organisme ad hoc -(c’est l’objet du 100% monnaie, qu’on le soutienne ou non) changerait quelque chose à ce contexte ou à ce problème: création monétaire lors de l’octroi de prêts, diminution ou ‘destruction’ monétaire lors du remboursement.

        J’espère avoir été plus clair.

        Bien à vous, B.L.

        PS. Dois-je rappeler que le véritable objectif de toutes ces discussions est de mettre la monnaie au service du bien public, ce service ne transitant pas ‘nécessairement’ par les banques privées et leurs propres objectifs ‘privés’.

      • gdm dit :

        @Bruno Lemaire
        Dans votre argument vous rappelez que cette monnaie centrale est une « créance ». Il n’existe pas de créance sans promettant ou sans bénéficiaire. Macaire soutenait que ce serait une « créance sans créancier ». Cela me semble paradoxal. Je soutiens que cette créance a un promettant et que ce promettant est l’État. Je soutiens que chaque unité monétaire est la promesse d’un certain pouvoir d’achat.

        Dès lors, une créance sur l’État possédée par l’État n’a aucune valeur. Une promesse faite à soi-même est de valeur nulle. C’est la raison de la destruction de la valeur de cette monnaie centrale lorsqu’elle est entre les mains de la Banque Centrale. A condition de considérer que la Banque Centrale est une entité de l’État, est un mandataire de l’État.

      • A-J Holbecq dit :

        Gdm, vous écrivez

        Mon argument est donc le suivant:
        je ne vois pas en quoi le fait que ces créances, au lieu d’être détenues par les banques commerciales de second rang, soient maintenant détenues par la Banque de France – ou tout autre organisme ad hoc -(c’est l’objet du 100% monnaie, qu’on le soutienne ou non) changerait quelque chose à ce contexte ou à ce problème: création monétaire lors de l’octroi de prêts, diminution ou ‘destruction’ monétaire lors du remboursement.

        C’est là où vous vous trompez: la monnaie émise par la banque centrale n’est pas une monnaie-dette temporaire. C’est une « monnaie permanente » qui n’a pas à être remboursée.. son rôle est d’augmenter la masse monétaire sans devoir extraire, au bénéfice des « faux monnayeurs » des intérêts immérités

        L’origine et le développement de la Grande Dépression de 1929-1934 représentent certainement la meilleure illustration que l’on puisse donner des effets nocifs du mécanisme du crédit :

        – la création de monnaie ex nihilo par le système bancaire ;

        – la couverture fractionnaire des dépôts ;

        – le financement d’investissements à long terme par des fonds empruntés à court terme ;

        – le financement de la spéculation par le crédit

        – et les variations de la valeur réelle de la monnaie et de l’activité économique qui en résultent.

        L’ampleur de la crise de 1929 a été la conséquence inévitable de l’expansion déraisonnable des crédits boursiers qui l’a précédée aux États-Unis et de la montée extravagante des cours de Bourse qu’elle a permise, sinon suscitée.

        Au regard de la prospérité de l’économie et de la montée des cours jusqu’en 1929, le diagnostic de l’opinion dominante était aussi général qu’affirmatif. Il s’agissait d’une « New Era », d’une nouvelle ère de prospérité générale, qui s’ouvrait au monde entier.

        Cependant, l’analyse qui précède montre avec quelle prudence on doit considérer la prospérité d’une économie en termes réels, dès lors que se développent des déséquilibres potentiels, à première vue mineurs en valeur relative, mais susceptibles d’entraîner, lorsqu’ils se concrétisent et se cumulent, de profondes modifications de la psychologie collective.

        […]

        Par l’utilisation des dépôts à vue et à court terme de ses déposants, l’activité d’une banque aboutit à financer des investissements à moyen ou long terme correspondant aux emprunts qu’elle a consentis à ses clients. Cette activité repose ainsi sur l’échange de promesses de payer à un terme donné de la banque contre des promesses de payer à des termes plus éloignés des clients moyennant le paiement d’intérêts.

        Les totaux de l’actif et du passif du bilan d’une banque sont bien égaux, mais cette égalité est purement comptable, car elle repose sur la mise en parallèle d’éléments de nature différente : au passif, des engagements à vue et à court terme de la banque ; à l’actif, des créances à plus long terme correspondant aux prêts effectués par la banque.

        De là résulte une instabilité potentielle permanente du système bancaire dans son ensemble puisque les banques sont à tout moment dans l’incapacité absolue de faire face à des retraits massifs des dépôts à vue ou des dépôts à terme arrivant à échéance, leurs actifs n’étant disponibles qu’à des termes plus éloignés.

        Si tous les investissements dans les pays sous-développés avaient été financés par les banques, grâce à des prêts privés d’une maturité au moins aussi éloignée, et si le financement des déficits de la balance des transactions courantes des États-Unis était uniquement assuré par des investissements étrangers à long terme aux États-Unis, tous les déséquilibres n’auraient qu’une portée beaucoup plus réduite, et il n’existerait aucun risque majeur.

        Ce qui, par contre, est éminemment dangereux, c’est l’amplification des déséquilibres par le mécanisme du crédit et l’instabilité du système financier et monétaire tout entier, sur le double plan national et international, qu’il suscite. Cette instabilité a été considérablement aggravée par la totale libération des mouvements de capitaux dans la plus grande partie du monde.

        […]

        En fait, le système actuel du crédit, dont l’origine historique a été tout à fait contingente [accidentelle, non nécessaire], apparaît comme tout à fait irrationnel, et cela pour huit raisons au moins :

        – la création (ou la destruction) irresponsable de monnaie et de pouvoir d’achat par les décisions des banques et des particuliers ;

        – le financement d’investissements à long terme par des fonds empruntés à court terme ;

        – la confusion de l’épargne et de la monnaie ;

        – la très grande sensibilité du mécanisme du crédit à la situation conjoncturelle ;

        – l’instabilité foncière qu’il engendre ;

        – l’altération des conditions d’une efficacité maximale de l’économie ;

        – l’altération de la distribution des revenus ;

        – et enfin l’impossibilité de tout contrôle efficace du système du crédit par l’opinion publique et le Parlement, en raison de son extraordinaire complexité.

        Au regard d’une expérience d’au moins deux siècles quant aux désordres de toutes sortes et à la succession sans cesse constatée de périodes d’expansion et de récession, on doit considérer que les deux facteurs majeurs qui les ont considérablement amplifiées, sinon suscitées, sont la création de monnaie et de pouvoir d’achat ex nihilo par le mécanisme du crédit et le financement d’investissements à long terme par des fonds empruntés à court terme.

    • Bruno Lemaire dit :

      Un simple complément en guise de commentaire ‘politique’ (je ne suis pas sûr qu’il sera davantage lu que mon précédent commentaire ‘technique’, on verra bien:

      http://monnaiepublique.blogspot.com/2011/05/necessite-et-simplicite-dune-reforme.html

      B.L.

      cf. aussi http://www.contre-feux.com/economie/derriere-les-soubresauts-de-largent-monnaie-une-catastrophe-annoncee.php

  17. Bonjour,

    un point que je ne comprends pas bien :

    « – Gestion des moyens de paiement par les banques de dépôts
    – Financement par les banques de prêts »

    Si vous supprimez le risque de transformation, et financez à long terme avec de l’épargne à long terme, comment levez vous les fonds nécessaires à l’économie ?

    Pour un prêt bancaire de 20 ans, il faut de l’épargne bloquée 20 ans ? Mais qui acceptera cela ?

    Si le risque de transformation subsiste, quel est alors l’intérêt de séparer les deux fonctions ?

    Merci

  18. et comment cela marchait il à la libération, puisque ce découplage existait alors ? Comment était alors créé la monnaie scripturale ?

  19. A-J Holbecq dit :

    Olivier
    Je suis toujours quasiment d’accord avec Simonnet qui d’ailleurs écrit dans le lien ce que je disais

    La loi du 2 décembre 1945 est la transcription juridique de cet état d’esprit. En décidant la nationalisation complète de la Banque de France et des quatre grandes banques de dépôts : Crédit Lyonnais, Société générale, Banque nationale pour le commerce et l’industrie, Comptoir d’escompte de Paris [4] , et celle des grandes sociétés d’assurance la loi donne aux pouvoirs publics le contrôle du financement de l’économie.
    La même loi reprend l’essentiel de la réglementation de Vichy, et établit une cloison étanche entre les banques de dépôts, qui doivent privilégier les emplois liquides, et les banques d’affaires, qui ont évité la nationalisation et peuvent prendre des engagements longs. La spécialisation bancaire dominera le système de financement français jusqu’au début des années 1980 en dépit des tentatives d’aménagement adoptées dès la fin des années 1960.

    … les « banques de dépôts » restent des banques de prêts, mais les termes sont relativement plus courts, semble t-il.

    PS: je pensais que c’était 5 banques qui avaient été nationalisées, ce n’est donc que 4

  20. christian GOMEZ dit :

    A olivier Berruyer sur la transformation

    Cher Monsieur,

    Cette question de la transformation n’est pas consubstantielle à la Réforme du « 100% money », cela doit être clair et il est préférable de dissocier les deux questions.

    Si vous financez un investissement à 20 ans par 4 « vraies » épargnes à 5 ans. Pas de problème. Si Maurice Allais a soulevé ce problème , c’est pour vérouiller complètement le système:(1) éviter que des ressources de financement trop courtes par rapport à l’actif financé n’aient un coefficient de substituabilité à l’encaisse trop élevé et donc que de la monnaie se crée par duplication de pouvoir d’achat ( voir les deux formes de la création monétaire chez Maurice Allais); (2) éviter tout risque de liquidité au moment des renouvellements.

    Par ailleurs, dire que les banques ne peuvent (pouvaient car pour le coup qu’aujourd’hui elles ne le peuvent plus) pas lever des fonds à long terme, c’est excessif:
    – Lorsqu’elles inspiraient confiance, elles levaient des obligations à long terme, y compris des subordonnés (10 à 15 ans et probablement 20 ans possible aux USA), même à leurs guichets…..
    – par les techniques de titrisation, il a toujours été possible d’émettre des ABS ou des MBS, qui déconnectent complètement le risque » Corporate » du risque « crédit »
    – par les techniques du « covered bonds »……
    Faisons confiance au marché pour en trouver d’autres si nécessaire.

    Je vous signale aussi que le nouveau ratio de liquidité mis en place par Bâle 3 est aussi très contraignant puisque ‘il impose une couverture à 100% des actifs pondérés par leur degré de liquidité (LWAs, Liquid Weighted Assets en quelque sorte , pendant du RWAs: Risk Weighted assets du CAR).

    Ceci dit, je pense qu’il faut relâcher cette contrainte au moins dans la période de transition. Il faut mettre des normes de sécurité qui évolueront au fur et à mesure que la dette publique sera « déplombée » et que des fonds à long terme seront de plus en plus disponibles. Par ailleurs, il faut que la stabilité induite par la réforme soit véritablement expérimentée par tous.

    Bien à vous

    CG

    • christian GOMEZ dit :

      A bruno Lemaire. son post du 6 mai 2011

      Cher Bruno,

      Alors là, je suis dans la confusion la plus complète… 4 mois!!!!!
      Bon passons….

      Je ne suis pas sùr de bien comprendre votre point car, dans mon esprit, il n’ya pas de fausse monnaie ou de la monnaie bidon, il y a différentes formes de monnaie, un point c’est tout. Ce qui compte , c’est les moyens de paiements en circulation et la masse du crédit. Varient-ils ou non? il n’ y a que cette question à se poser.

      Le prêt de la BC est un prêt technique permettant de passer d’un état du monde à un autre. Il se trouve que son remboursement a des effets ( un « by-product ») miraculeux, particulièrement dans les circonstances actuelles.

      Quand le client X rembourse son prêt et que la banque décide de rembourser le prêt de la BC qui lui revient trop cher par rapport à ce qu’elle pourrait trouver sur le marché, vous êtes bien d’accord avec moi qu’à l’instant t0.
      – le volume des crédits diminue
      – la banque se trouve en possession de liquidités BC qu’elle peut soit réutiliser dans un autre prêt à un client ou dans l’achat d’un titre, soit rembourser la BC et dans ce cas la masse et la base (miroir de la première) diminue.

      Aucune de ces deux conséquences ci-dessus n’est souhaitable.

      Donc la banque centrale va réagir en achetant un actif sur le marché. Il se triouve que l’obligation d’état est la plus adaptée. D’où la neutralisation de la dette publique.

      Vous me dites : et si l’état rembourse …. je ne vois pas qu’elle serait son intérêt puisque , par l’action de la Banque centrale, il va parquer sa dette et la neutraliser ( il va payer des intérêts qui vont lui revenir sous forme de dividendes).

      A supposer m^me qu’il rembourse, ce qui serait absurde, dans ce cas, la Banque Centrale achetera autre chose, des titres privés. L’essentiel est que la Monnaie de base ne varie pas. un point , c’est tout.

      La substitution monnaie bancaire/ monnaie de base se fait au démarrage lorsque les dépôts sont transferrés dans les CSMs. Il n’y a ni fausse , ni bonne monnaie: Il n y a que des dépôts à vue qui deviennent l’équivalent dématérialisé , si j’ose dire, de billets de banque, et qui n’ont plus comme contrepartie des crédits à l’économie.

      Bien entendu, PAR CONSTRUCTION, NI LA MASSE MONÉTAIRE, NI LE VOLUME DE CREDITS NE VARIENT.

      J’espère avoir ré.pondu à vos questions .

      Je me répands encore en plates excuses et vous dit « A bientôt » car je sais que je n’ai pas encore épuisé votre curiosité et votre sagacité.

      Bien à vous

      CG

    • oestani dit :

      Merci M. Gomez,

      oui, oui, je suis d’accord sur votre vision du 100 % Money qui doit être déconnectée

      je dirais que je suis peu gêné par le risque de transformation, si la banque ne fait que du dépôt / crédit. Bref, je verrai plus 2 types de banques : dépôt/crédit ou investissement.

      Je reste donc dubitatif sur l’idée de séparer les dépôts des crédits. C’est certes encore plus sûr, on trouvera bien un peu de prêteurs à 15 ans, mais surement pas de quoi financer des prêts immobiliers pour le pays…

      Merci donc pour vos lumière précieuses en tous cas !

      P.S. un point de désaccord : « Faisons confiance au marché » : euh, non, merci, on a déjà donné assez de trillions, une autre fois peut-être… 😉

      Olivier Berruyer
      http://www.les-crises.fr

      • christian GOMEZ dit :

        Non , non et non , Olivier, ce n’est pas l’économie de marché qui est en cause mais bien le processus de création monétaire qui le vicie complètement. Ricardo l’avait vu. walras l’avait vu et ainsi de suite jusqu’à Allais et les Autrichiens. TOUS LES MARCHES DOIVENT ETRE LIBRE SAUF 1, l’offre de monnaie, tout simplement parce que créer de la monnaie , c’est créer un pouvoir d’achat qui n’est pas gagé par un revenu antérieur GAGNE., c’est à dire une PRODUCTION. Or, dans ce qui s’est passé, on a subi la déconfiture non pas de 1 mais de 2 systèmes bancaires: l’officiel et le parallèle (shadow). J’ai un papier sur la question que je ne vais pas tarder à sortir. Croyez-vous vraiment que l’Etat ferait mieux que les marchés?

        Quant à l’idée que des investissements ne pourraient pas se faire dans le système du 100%, je crois que c’est une grave erreur. mais il va falloir en rediscuter en mettant à plat tout le système financier. Mais, pour votre réflexion, n’oubliez pas que:
        (1) dans le 100% money, dans la période de transition, tous les actifs des Organismes de financement qui étaient auparavant « financés » par des avoirs liquides (de nature monétaire) deviennent « backés » par le prêt de la BC et ce qu’il convient de financer en *régulant » la transformation, c’est l’incrément annuel ( à comparer avec le taux d’épargne).
        (2) à la fin de la période de transition, la dette publique étant neutralisée, il y aura toute une épargne à long perme prête à s’investir, d’autant plus que les agents économqiues se rendront de plus en plus compte de la stabilité du système mis en place.

        Bien à vous

        CG

      • christian GOMEZ dit :

        Bonjour Olivier,

        Une longue réponse vient de se perdre dans le système….qui m’a répondu bizarrement « doublon »…. Je n’ai pas le courage de la reprendre ce soir.

        Mais, je veux absolument vous répondre car je veux vous convaincre:

        1) que l’économie de marché n’est responsable en tant que telle des problèmes que nous rencontrons

        2) que le 100% money n’est pas une contrainte pour les investissements, au contraire…..

        Très cordialement

        CG

      • Pas de souci, elle ne s’est pas perdue 😉

        Merci beaucoup

        Oulà, mais je soutiens totalement l’économie de marché ! 🙂

        Et j’aime beaucoup les travaux de Maurice Allais !

        Je ne parlais pas du 100 % money, mais de la séparation banques de dépôt et banques de crédit, c’est tout

        je viens de vous écrire sur votre mail – s’il marche toujours 😉

        Merci pour tout

      • ah ben non, ça ne marche pas

        M. Gomez, vous pourriez me contacter sur les_crises [chez le fournisseur] yahoo.fr svp ?

        Merci d’avance

        Cordialement

  21. Bruno Lemaire dit :

    Bonjour C.G., et merci pour votre réponse.

    Peu importe le délai, l’essentiel est le fond, bien sûr.

    Tout à fait d’accord pour dire qu’il n’y a pas une bonne ou une mauvaise monnaie, dans l’absolu, mais simplement diverses formes de monnaie. OK aussi pour dire qu’au moment de la « conversion », la masse monétaire elle-m^me ne va pas changer (c’est bien pour cela, d’ailleurs, que je ne comprends pas certains arguments – qui ne viennent pas de vous – qui craignent qu’une sortie de l’euro associée à un 100% monnaie plongerait dans l’affliction les rentiers et leurs économies, puisque cela ne changerait rien pour eux)

    Juste un bémol cependant. Certaines formes monétaires sont mieux adaptées à telle ou telle situation, et les « décideurs » de ces diverses formes de monnaie ne sont pas nécessairement les mieux placés pour prendre ces décisions pour le bien du plus grand nombre.

    Vous vous interrogez par ailleurs sur ma proposition de séparer les dépôts des crédits. Mon point essentiel était de distinguer la gestion ‘comptable’ des comptes courants – qui ne doit donner lieu à aucune transformation (de type très court terme à plus long terme) de la « conversion » d’une épargne à un crédit d’investissement. Ce sont deux métiers différents, ou qui devraient être différents.

    Un certain Babeau a calculé qu’en 2011 la France aurait besoin de 42 milliards de crédits, en plus de la transformation de l’épargne en diverses formes d’investissement. Pourquoi ne pas confier cette création monétaire à la Banque de France, si tant est qu’elle ait recouvré sa souveraineté monétaire? La encore, l’intérêt public peut être mieux garanti par une tutelle centralisée, m^me si les besoins doivent être évalués au plus près des entreprises et des ménages (principe de subsidiarité oblige): les bureuax locaux de la Banque de France peuvent d’ailleurs y contribuer.

    Très cordialement, Bruno Lemaire.

    PS. Ceci est une simple réaction à chaud. Je vais bien sûr prendre le temps de relire votre commentaire, ainsi que mes questions un peu anciennes, qui n’étaient peut être pas toutes pertinentes.

  22. christian GOMEZ dit :

    Il faudra que nous rediscutions les deux derniers points car je ne les comprends pas bien.

    Sur le premier point: les comptes courants sont dans les CSMs qui ne sont pas des banques mais des dépositaires (comme les grands gestionnaires de titres aujourd’hui, style B of NY, mellon…. ILS NE FONT AUCUN CREDIT et ne payent que s’il y a « des sous » (real time process).

    Pour le financement de l’économie, les banques mais aussi d’autres types d’institutions recueilleront les dépôts d’épargne ou émettront des titres ou obligations pour financer les actifs détenus et il faudra mettre en palce des règles pour la transformation. Jusqu’à présent, j’ai suivi Maurice allais dans sa volonté d’interdire la transformation. Je pense qu’il faut être plus souple et se donner cela comme objectif à la sortie de la période de transition car (1) il faut déplombé l’épargne investie dans la dette publique et cela prendra du temps (2) il faut repenser les circuits de financement de l’investissement à long terme en France.

    Cela touche au second point et je serais très preneur de l’étude non d' »un certain André Babeau » mais de mon cher professeur André Babeau qui fut dans mon jury de thése dont il fut également un des deux rapporteurs en tant que grand spécialiste de l’épargne ( LE SPECIALISTE EN FRANCE).

    Continuons à discuter mais , si vous êtes intéressés par le 100% , il va falloir que nous trouvions les moyens de passer à l’action car C’EST LA SOLUTION pour aujourd’hui et pas seulement en Europe. Les Autorités chargent tellement la barque aujourd’hui en termes d’exigences en capital et de contraintes réglementaires que ce sont les banques elles-mêmes qui, bientôt, vont venir nous manger dans la main….. Je plaisante… quoique…

    Très cordialement

    CG

    • Bruno Lemaire dit :

      Cher C.G.

      Je ne sais si le précédent commentaire s’adressait, ou non, à moi, mais cela n’a pas d’importance.

      Je pense – comme vous à l’évidence – qu’il faut sortir du système monétaire et bancaire actuel, et le « 100% monnaie » est sûrement une piste intéressante, voire peut être ‘la’ piste à suivre.

      Cela étant, le passage au 100% monnaie centrale (je caricature l’expression, mais je me suis aperçu, sur ce blog ou sur d’autres, qu’il y avait encore pas mal de confusion sur la signification de la simple locution « 100% monnaie » – qui ne signifie évidemment pas « 100% espèces » ou « 100% billets » mais « 100% monnaie émise par la Banque Centrale »)

      Par ailleurs, deux points m’intéressent plus particulièrement, points « annexes » au 100% monnaie, mais que je crois pourtant fondamentaux:

      (1) il faut déplomber l’épargne investie dans la dette publique et cela prendra du temps (2) il faut repenser les circuits de financement de l’investissement à long terme en France.

      Voilà deux chantiers effectivement fondamentaux. Certaines idées ont déjà été émises ici ou là sur le premier point, celui des dettes publiques.

      Quand au second, et plus généralement à la nécessité de mettre la monnaie au service de l’économie française, entreprises, ménages et administrations, là encore tout reste à faire.

      Très cordialement, Bruno Lemaire

  23. ah ben non

    vous pourriez me contacter sur les_crises [chez le fournisseur] yahoo.fr

  24. Vincent Jappi dit :

    « Sur une erreur incompréhensible de Murray Rothbard »

    Une loi proposée au Parlement de Londres pour que les clients des banques puissent expressément choisir entre un contrat de dépôt partiellement couvert et un contrat de dépôt entièrement couvert C’est pour Georges Lane et François Guillaumat l’occasion de réfuter une illusion de Rothbard [erreur incompréhensible pour qui a lu Ludwig von Mises] et qui consiste à prétendre que la couverture partielle serait frauduleuse, contre nature et déstabilisante pour l’économie. De la sorte, les partisans de la loi proposée en Grande Bretagne [et ceux qui partagent l’erreur incompréhensible de Rothbard] souhaiteraient imposer une réserve à 100 % supposée “rétablir l’honnêteté” et résoudre les problèmes monétaires. »

    http://lumiere101.com/2010/10/09/la-creation-de-monnaie-par-les-banques-est-elle-frauduleuse/

  25. christian GOMEZ dit :

    J’ai rien à répondre à un esprit fumeux qui ne sait qu’asséner des propos péremptoires issus de lectures mal assimilées sur des sujets auxquels il ne comprend visiblement rien.

    Pour ma part , ce sera mon dernier contact avec vous.
    Je n’ai aucune envie de perdre mon temps.

    CG

  26. Bruno Lemaire dit :

    100% monnaie, c’est 100% monnaie ‘centrale’

    Cher Christian Gomez,

    tout d’abord je suis très heureux, comme vous sans doute, de voir que le « 100%monnaie » semble faire son chemin, même s’il est souvent fort mal compris. Je vois cela comme l’indice, sinon la preuve absolue, que de plus en plus de gens comprennent, parfois seulement intuitivement, que le système bancaire actuel ne peut que conduire à un fiasco économique et sans doute aussi à une explosion sociale.

    Merci donc à vous, cher Christian, de passer autant de temps et de dépenser autant d’énergie, en élève respectueux, et souvent innovant, du grand, du très grand économiste Maurice Allais, pour nous faire tous progresser dans cette direction.

    si j’en juge par certains échanges, plus ou moins musclés, et parfois ‘extravagants’ lus sur ce blog, ou sur d’autres, comme celui de « postjorion », il est clair que la simple locution de « 100%monnaie » n’est pas toujours bien comprise.

    Il faut donc l’expliquer encore et encore, en commençant déjà par dire que:

    « 100% monnaie » ne signifie absolument pas « 100% liquide » ou « 100% espèces », mais:
    « 100% monnaie émise et garantie par la Banque Centrale », ce qui entraîne qu’aucun agent privé ne pourra augmenter du moindre ‘cent’, ou centime, la masse monétaire, qui ne sera donc plus composée, si l’on peut dire, que de monnaie ‘centrale’.
    Donc « 100% monnaie » pourrait s’appeler « 100% monnaie centrale » (je sais, je simplifie trop, et beaucoup de mesures d’accompagnement seraient nécessaire pour établir ce nouveau système bancaire)

    J’en profite pour tordre le cou à une image fausse, et qui conduit à beaucoup de sottises: la banque centrale n’a pas besoin, pour émettre une nouvelle monnaie, d’utiliser la tristement célèbre et malheureuse expression de « planche à billets », l’essentiel de la monnaie centrale étant de la monnaie scripturale, c’est à dire correspondant à un simple jeu d’écritures.
    (cf. http://monnaiepublique.blogspot.com/2011/10/plancheabillets.html)

    C’est un peu comme si l’on disait, de nos jours, que pour allumer un feu, il fallait disposer de deux silex. Allons, messieurs les journalistes experts, cessez d’enfumer – si je reprends l’expression d’Olivier B., les auditeurs ou les téléspectateurs que vous êtes censés informer.

    Très cordialement,

    Bruno Lemaire.

  27. askarine dit :

    Très bel article, mais je pense qu’il faut aller bien plus loin, en supprimant carréemnt les taux d’intérêt des prets effectués par la ou les banques qui doivent être nationalisées, le système bancaire étant vital pour la nation. En effet, le taux d’intérêt est à la base du problème du systeme monétaire actuel car il augmente la masse monétaire sans cesse, ce qui aboutira tot ou tard à une grande catastrophe. Je pense que le système bancaire doit être financé par les services qu’elle propose (traitement de dossier, etc…) ainsi qu’un financement par l’impôt si nécessaire. C’est mon avis.

  28. Frank dit :

    C’est seulement depuis quelques jours que j’ai connaissance de votre blog, Monsieur Gomez. Je suis bien informé des propositions en Allemagne, Autriche et Suisse de l’initiative « Monetative », qui rejoignent vos propositions. Je commence à me rendre compte, qu’il y a partout en Europe des citoyens, qui se rendent compte du rôle déstructeur de notre système monétaire et du laissez-faire libre échangiste actuels.

    Je vous remercie.

  29. Ibnou Soumaré dit :

    Fondamentalement, le mercantilisme bancaire (au sens de l’école de pensée éponyme) est le problème puisqu’il s’agit d’un patriotisme financier dont la cupidité produit une radiation des valeurs réelles de l’économie et puis je trouve foncièrement indécent que l’Offre d’un bien dont la demande n’est non pas régie par une Demande naturelle mais nécessaire (la Demande de monnaie de l’économie) soit confiée à des entités privées qui pourraient faire leur traite sur ce trafic très inéquitable. Il faut que la monnaie soit nationalisée et qu’elle revienne totalement à la réalité sous la forme du plus grand nombre de mains (non par socialisme mais selon la Loi d’Engel) au lieu de circuler comme un anaconda vorace dans la plomberie de l’activité économique et y provoquer des déchirements par où la matière véritable de celle-ci est absorbée dans son trou noir d’artificialité.

  30. youtube.com dit :

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