JOBS EST MORT, VIVE LE CAPITALISME!

Edito: Marchés-capitalisme

 

JOBS EST MORT, VIVE LE CAPITALISME!

La mort de Steve Jobs nous a tous touchés, tant chacun de nous  ressent combien cet homme a eu, par son génie, un impact sur nos vies. Le monde se souviendra longtemps de ces « Keynotes Speeches » pendant lesquels il dévoilait les dernières trouvailles de la firme de Cupertino qui allaient enflammer la planète. Sa longue silhouette pouvait faire apparaitre chaque année un corps de plus en plus décharné, rongé de l’intérieur par une maladie qui progressait inexorablement, il n’en enchantait pas moins son auditoire car son âme était intacte et son esprit toujours animé du feu de la création. Charme et fascination devant cette incarnation de l’intelligence, de la volonté et de la persévérance.

On a beaucoup vanté depuis le 5 octobre, avec raison, le grand créateur et le visionnaire. Je voudrais ici saluer le grand capitaliste, au sens le plus élevé du terme, le « destructeur-créateur » de Schumpeter. Le grand entrepreneur capitaliste doit être un visionnaire et un créateur mais il doit, en plus, imaginer comment faire partager ses idées au plus grand nombre en leur montrant que, grâce à ses produits ou à ses services, les gens vont travailler mieux, plus vite, moins cher et que, globalement la collectivité dans son ensemble va progresser. En bref, IL DOIT CRÉER DE LA VALEUR. Et cela, Steve l’a fait mieux que tout autre. Il a créé Apple (avec Steve Wozniak) dans le petit garage de ses parents  et il en a fait la plus grosse capitalisation boursière du monde (350  milliards de dollars !), une firme adulée sur toute la planète, car il révolutionnait plus que les techniques elles-mêmes, il changeait les rapports de l’utilisateur avec les nouvelles technologies. Il a créé PIXAR, pendant le temps d’un arrêt de jeu chez Apple, en imaginant une nouvelle manière de faire des dessins animés, bousculant ainsi toutes les vieilles firmes qui croquaient tranquillement leurs rentes de situation en recyclant indéfiniment la même camelote sous des emballages différents et qui furent obligés de changer pour ne pas sombrer. En bâtissant  par la seule force de son génie toutes ces entreprises magnifiques, Steve Jobs a encore une fois démontré  ce qu’était la quintessence de l’économie de marché et du capitalisme. Créer de la valeur et, bien sûr, en récolter les fruits, ce n’est pas « exploiter » son prochain, mais c’est au contraire trouver des chemins nouveaux pour satisfaire toujours mieux et plus les besoins humains. Certes, cela ne va  pas souvent sans souffrance et sans bouleversement (des firmes font faillite, des emplois sont menacés ou perdus…), mais c’est aussi le moteur du progrès (de nouvelles firmes naissent, de nouveaux métiers apparaissent), c’est ce qui, depuis la Révolution Industrielle, a permis à l’humanité de se donner toujours plus d’opportunités.

Un parcours et une œuvre comme ceux de Jobs doivent aussi nous interpeler sur le devenir de nos sociétés au moins sous deux aspects.

D’abord, Ils doivent nous permettre de distinguer les « bons » capitalistes, ceux qui créent de la valeur,  des « mauvais », ceux qui profitent sans vergogne de leurs rentes de situation et se construisent des fortunes sans prendre aucun risque. Il n’y a qu’à comparer les Jobs, Gates  (Microsoft), Ellison (Oracle) … avec tous ces « petits marquis » qui se sont construit des fortunes à la tête de grandes banques ou de grandes entreprises, à coup de salaires et de bonus mirobolants et d’octrois de stock-options à des prix d’exercice indécents. Les premiers sont l’honneur du capitalisme. Les seconds en sont la honte.

Ensuite, ils doivent nous conduire à nous interroger sur la manière de susciter toujours plus de vocations de chefs d’entreprise et de créateurs et, de ce point de vue, la situation française est particulièrement désespérante. Nous baignions dans une idéologie  « socialisante » qui « démonise » l’entreprise en masquant son véritable objet, présente les chefs d’entreprise comme des exploiteurs,  casse les ambitions des individus et en valorise les tendances les plus médiocres. Notre enseignement en est la quintessence en oubliant les vérités de « bon sens » que Bill Gates, un autre grand entrepreneur, a assénées récemment à des élèves d’un lycée américain, dont je cite quelques unes[1] : (1) la vie est injuste. Il faut vous y habituer (2) Le monde n’a rien à faire de votre amour-propre. (3) Et, il s’attend à ce que vous fassiez vraiment quelque chose avant que vous vous en félicitiez vous-même. …. (4) si vous pensez que votre prof est dur avec vous, attendez d’avoir un patron…(6) si vous êtes à côté de la plaque, ce n’est pas la faute de vos parents. Cessez de vous plaindre et tirez les leçons de vos erreurs…. (8) votre école peut être exempte du système « gagnant-perdant ». Pas la vie. Certaines  écoles ont supprimé les notes de passage et vous donnent autant de chances que vous voulez pour obtenir la bonne réponse. Pas la vie….. Effectivement, ce n’est pas en développant une culture de perdant que l’on forgera un état d’esprit de combattant pour les élites de demain.

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 Quelles que soient les crises que peut traverser un pays, il pourra toujours s’en sortir s’il sait nourrir en son sein des individus de la trempe de Jobs ou de Gates et les Etats-Unis en ont pléthore. Mais, nous ? Nous qui pensons plus à redistribuer les richesses, imprégnés que nous sommes par les idéologies de l’envie et du ressentiment, qu’à les créer, quel est notre avenir?  Décidément, Steve Jobs n’est pas  prêt à quitter nos pensées, lui qui trace la voie d’un vrai capitalisme, un capitalisme fondé sur le travail, l’effort et  la création, loin des miasmes d’un capitalisme financier dégénéré ou d’un socialisme inefficace, capable de partager seulement la médiocrité et d’exalter le renoncement.

Ch. GOMEZ


[1] Présent, N°7442, 28 septembre 2011

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Mots clefs : capitalisme, « Destructeur-Créateur », Schumpeter, entrepreneur, valeur, créer de la valeur, économie de marché, idéologie « socialisante », Jobs, Gates, Ellison.

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